Bernard Roman-Amat, directeur délégué de l'Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts (ENGREF) vient de remettre à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, et à Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, un rapport sur la préparation des forêts françaises métropolitaines au changement climatique. La mission qui lui avait été confiée par le précédent gouvernement, en février 2007, avait pour objet de réaliser un bilan des connaissances et un état des lieux de la gestion des forêts françaises face au changement climatique qui les affecte de multiples façons (biodiversité, croissance, santé, régénération) et accroît les risques naturels (érosion des sols, incendies, tempêtes), surtout dans les régions méridionales et en montagne.
Le rapport formule 32 propositions, articulées autour de 5 chantiers prioritaires. En matière de biodiversité, il préconise de réaliser d'ici la fin 2009 un diagnostic général prospectif du réseau Natura 2000 en France et d'élaborer des propositions pour son évolution. Il propose aussi de mettre en place, pour la mi-2010, un complément au programme des réserves biologiques intégrales de l'Office national des forêts (ONF) pour un meilleur suivi des conséquences du changement climatique en forêt hors gestion. Et pour tester en vraie grandeur la mise en place de la future trame verte forestière proposée dans le cadre du Grenelle de l'environnement, il suggère de choisir un groupe de situations au plus tard fin 2010.
Extension de la prévention des risques
Dans le domaine des risques, le rapport insiste sur le besoin de renforcer les moyens de surveillance coordonnés par le département de la santé des forêts. Afin de mieux gérer le risque d'érosion, il propose de tester des méthodes de prévention par génie biologique et, dans les zones relevant de la restauration des terrains de montagne (RTM), d'identifier au sein des forêts domaniales et communales des zones prioritaires d'intervention pour programmer le renouvellement des peuplements forestiers. Bernard Roman-Amat recommande également d'accélérer et d'étendre géographiquement le déploiement de la politique de prévention des incendies. Il faudrait selon lui établir un plan d'action visant à permettre l'approbation de tous les plans de protection des forêts contre l'incendie (PPFCI) au 31 décembre 2008, comme prévu et arrêter une date limite pour l'élaboration des plans de prévention des risques d'incendies de forêt (PPRIF) prescrits dans la zone méditerranéenne, en fixant un taux de réalisation de 90 % en 2012 et de 100 % en 2015. Ces PPRIF, qui sont des instruments de planification de gestion de l'urbanisme, pourraient être étendus à certains départements des Pays-de-la-Loire, du Centre et de Bretagne où le risque d'incendie pourrait s'accroître à l'avenir.
Dans les forêts dites de production, l'auteur du rapport propose d'encourager le développement d'une sylviculture dynamique et de peuplements mélangés, notamment en incitant financièrement dès 2010 au remplacement des peuplements vulnérables. A partir de cette date, il préconise aussi de consacrer au moins 10% des moyens publics à l'installation de boisements pilotes.
Dans le domaine de la recherche-expérimentation-développement, le rapport insiste sur la nécessité de renforcer dès cette année le soutien apporté par l'Agence nationale pour la recherche (ANR) aux recherches sur le changement climatique et la forêt et de charger le GIP Ecofor (groupement d'intérêt public sur la recherche sur les écosystèmes forestiers) d'une coordination nationale sur ce sujet. Il propose aussi de créer en 2008 deux réseaux mixtes technologiques sur l'adaptation des forêts à leur environnement (stations forestières) et sur la diversité génétique des arbres et de confier à l'ONF une "recherche-action" en forêt publique. Il insiste également sur la nécessité de constituer des bases régionales de données sur l'expérimentation et de mettre en place une formation continue nationale.
Enfin, le rapport propose des mesures en matière de gouvernance publique, en insistant sur la nécessité de mieux coordonner l'action des ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture sur le sujet. Il suggère de créer d'ici la fin 2008 un site internet dédié au plan d'action forêts et changement climatique des pouvoirs publics et à son avancement, de demander l'intégration avant fin 2009 du changement climatique dans les référentiels de certification forestière et de mettre en place une offre de formation pérenne à la gestion de crise pour les décideurs et les acteurs de terrain.
Anne Lenormand
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