Située au sud de l’île, la commune du Château-d’Oléron regarde vers les parcs à huîtres. Moins touristique que ses voisines, elle compte davantage de résidences principales que secondaires. Sa population passe néanmoins de 4.000 habitants l’hiver à 11.000 l’été. La politique culturelle est un levier d’attractivité, notamment autour de la citadelle restaurée, des résidences d’artistes et des cabanes d’artisans d’art. Cet ensemble de cabanes est géré par une association baptisée "Couleurs cabanes", en étroite collaboration avec la municipalité.
Préserver un patrimoine local en évitant la spéculation immobilière
"Les changements de l’activité ostréicole ont entraîné la désertion des petites cabanes", explique la première adjointe au maire, Micheline Humbert. La municipalité voulait sauver cet élément paysager, sans céder ce patrimoine à des personnes privées afin d’empêcher la hausse des prix immobiliers. Deux peintres locaux ont proposé de louer l’une de ces cabanes. Une offre qui a donné des idées au maire.
A partir de la fin des années 90, au fur et à mesure que des cabanes se libèrent, la municipalité a commencé leur réhabilitation pour y installer des ateliers de créateurs et en faire des lieux d’exposition et de vente. De 20 à 80 m2, les cabanes - sans assainissement, ni eau courante - demeurent des lieux de travail, pas d’habitation.
Implication financière de la commune
Dès qu’une cabane est mise en vente par son propriétaire, souvent pour cause de retraite, la commune exerce son droit de préemption. Avec un bémol, puisque les habitants exerçant un métier de la mer sont prioritaires pour l’acquérir. A défaut, la commune reprend l’amodiation, qui est un droit d’occupation du domaine public maritime et propose le lieu à un artiste.
A l’arrivée d’un nouveau créateur, la commune prend en charge les matériaux, comme la peinture ou le bois, ainsi que le raccordement à EDF, mais l’artiste réalise lui-même les travaux. L’évolution du loyer annuel est faible : entre 1999 et 2015, il est passé de 400 euros à 754 euros. De quoi lancer les plus jeunes et créer une véritable pépinière d’artisans d’art, qui pour la plupart ne repartent pas !
Convention de mise à disposition pour les ateliers avec charte d’engagement
La commune signe avec chaque créateur une convention de mise à disposition annuelle renouvelable, qui implique l’acceptation de la charte de qualité. Cette charte vise à garantir l’esprit artistique des cabanes qui sont réservées à des créateurs et interdit toute activité de revente. En outre, les artistes et artisans s’engagent à ouvrir leur atelier 180 jours par an.
Depuis 2004, une association d’artistes anime et fait le lien avec la municipalité
A raison d’une ou deux cabanes reprise(s) par la mairie chaque année, les artistes occupent aujourd’hui 32 cabanes. "Nous souhaitions aider financièrement le collectif d’artistes, mais pour cela, il fallait créer une association", rappelle la maire adjointe. L’association Couleurs cabanes est née en 2004, sans obligation d’y adhérer pour les créateurs. En 2015, elle compte 21 membres. L’association participe avec la municipalité à la sélection des nouveaux arrivants et s’assure que les créateurs respectent la charte de qualité du projet municipal. "Nous avons la chance que des élus aient souhaité développer ce projet et le préserver, indique la présidente de Couleurs cabanes, Emilie Renaud. En échange, nous entretenons d’étroites relations, je fais par exemple un compte-rendu mensuel de notre réunion de bureau au maire et à son adjointe."
Association ancrée dans le territoire
La mixité entre cabanes artistiques et ostréiculteurs fait du port un véritable pôle touristique et un dialogue permanent s’est instauré. "Le retour est extraordinaire, constate l’élue. Lorsque nous avons créé un nouveau cheminement vers le deuxième bassin du port, les artistes ont réalisé des sculptures d’oiseaux, ainsi que la signalétique." De même, l’association est à l’initiative de quatre circuits découverte en lien avec l’office de tourisme. Outre la trentaine d’artisans présents à l’année, des expositions temporaires de créateurs sont proposées pendant l’été.
En termes de retombées économiques, la commune - déjà très prisée pour son marché chaque matin - est aussi très fréquentée l’après-midi grâce à ses cabanes. Aujourd’hui, la commune, aidée par un cabinet d’étude, réfléchit à l’aménagement de grands chenaux de deux kilomètres de longs. A suivre…
Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
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