Lors d'un colloque organisé à la Cité universitaire internationale de Paris mardi 16 février 2016, le groupe Caisse des Dépôts a présenté la large palette de ses interventions dans le cadre du Grand Paris, dans les domaines de l'économie, la cohésion territoriale, l'inclusion sociale ou encore le développement durable.
Il est revenu à Jean-François Carenco, préfet d'Ile-de-France, de rappeler en introduction le rôle de "partenaire majeur" de la Caisse des Dépôts dans le projet, depuis la signature, en juin 2011, d'une convention avec l'Etat sur les contrats de développement territorial (CDT) du Grand Paris.
Il a insisté sur le caractère "d'aventure collective" du Grand Paris, qui ambitionne de construire un territoire "dense, connecté, fluide, porteur d'emplois", en compétition avec des métropoles mondiales comme Londres ou Shanghai. Pour Jean-François Carenco, le Grand Paris repose sur trois axes principaux : les transports, avec le réseau Grand Paris express, la politique matérielle (construction de logements) et immatérielle (culture), enfin l'aspect institutionnel – la gouvernance -, le préfet se réjouissant au passage que "ceux qui étaient contre [le projet de Métropole] se rangent" peu à peu.
L'après-midi s'est organisée autour de tables rondes sur les perspectives du Grand Paris, selon le prisme des "quatre transitions" - écologique et énergétique, démographique, numérique, territoriale - prioritaires pour le groupe Caisse des Dépôts, permettant d'esquisser le portrait d'une "ville-monde du XXIe siècle".
"N'oubliez pas le rôle des maires"
Ce territoire sur lequel résident près de 7 millions de personnes est animé par les mobilités. A charge pour les aménageurs de les rendre plus aisées, et durables. Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, a ainsi insisté sur les reports de modes qui interviendraient une fois que la connexion des deux plateformes aéroportuaires aux lignes 14 et 17 du métro serait opérée, et plus généralement, sur l'ambition environnementale du projet du Grand Paris express, rejoint sur ce point par Nicolas Jachiet, président-directeur général d'Egis, maître d'œuvre de ces infrastructures.
L'importance accordée aux aménagements prévus en matière de transports, notamment à fin de faciliter l'intermodalité, ne saurait faire oublier la nécessité de "régénérer l'existant", a souligné pour sa part Stéphane Beaudet, récemment élu vice-président du conseil régional Ile-de-France, rappelant que le rapport annuel 2016 de la Cour des comptes avait évalué à 800 millions d'euros l'investissement annuel nécessaire à cette fin. Parmi les priorités du nouvel exécutif dans ce domaine, Stéphane Beaudet a mentionné la dématérialisation de la billettique et la volonté de "ne pas opposer transports en commun et véhicules individuels", par exemple en construisant des parkings de rabattement en bout de ligne.
Le logement, et plus particulièrement la difficulté de se loger à un prix abordable, facteur clef en termes d'attractivité, a été au cœur de la deuxième table ronde. Rappelant que Paris était la métropole la plus jeune d'Europe, Manuel Flam, directeur général du groupe SNI et président du directoire de Grand Paris Habitat, a mis en avant le manque de logement étudiant et les problèmes de financement de résidences pour jeunes actifs, un domaine dans lequel la Caisse des Dépôts est en capacité d'accompagner les collectivités sur la longue durée. Sur ces questions, "n'oubliez pas le rôle des maires", et les élus des intercommunalités, qui sont décisionnaires, a pour sa part insisté Hervé Marseille, vice-président du Sénat et maire de Meudon, qui a appelé à une "articulation" entre les PLU, le Sdrif et les Scot.
"Rayonner plus large"
Interconnectées, accueillantes, les villes du Grand Paris se veulent aussi des "smart cities". Une appellation immédiatement rejetée par Patrick Braouezec, président de l'établissement public territorial Plaine Commune, qui croit plus "en l'intelligence des hommes et des femmes qui les habitent", voit dans le numérique un outil, au service du bien-être de la population et de la préservation de la planète, et s'inquiète par ailleurs de ses effets en termes d'emploi, et de l'usage des données.
Pour autant, le numérique constitue un enjeu pour la ville de demain, une "lame de fond", a insisté Gabrielle Gauthey, directrice des investissements et du développement local de la Caisse des Dépôts, qui a évoqué le nécessaire déploiement de la fibre optique lié à l'explosion des données et l'essor des datacenters. Malgré sa densité, le territoire du Grand Paris n'est paradoxalement pas très bien équipé, peut-être du fait d'une excessive confiance envers les opérateurs privés. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, la Caisse souhaiterait jouer un rôle de "pont entre les territoires et les acteurs privés".
Lors de la table ronde consacrée à la transition territoriale, Patrick Ollier, le nouveau président de la Métropole du Grand Paris, a insisté sur son désir de "construire la métropole le plus rapidement possible". Sur les questions d'aménagement, elle peut, selon lui, devenir un "interlocuteur unique pour les porteurs de projets", sans pour autant entrer en conflit avec qui que ce soit. Ainsi, elle "s'intégrera dans les documents prescripteurs de la région" prévus dans le cadre de la loi Notr". Nous voulons être des "partenaires interactifs, être efficaces", a-t-il conclu, promettant des annonces lors du conseil métropolitain du jeudi 18 février.
Régis Pélissier, directeur régional Ile-de-France à la direction du réseau et des territoires de la Caisse des Dépôts, a rappelé les missions de la direction régionale en matière d'accompagnement et d'ingénierie de projet. Il a également souligné l'intérêt pour les collectivités "d'identifier des marges de manœuvre", dans un contexte financier contraint, notamment en optimisant la gestion de leur patrimoine et leurs participations dans les sociétés d'économie mixte (Sem).
Concluant le colloque, Pierre-René Lemas, directeur général du groupe la Caisse des Dépôts, a rappelé son ambition pour le groupe : "redevenir la Caisse des Dépôts des territoires", en répondant aux besoins d'investissement et d'ingénierie des collectivités. S'il a reconnu que le "Grand Paris n'est pas un jardin à la française", évoquant l'entrelacs des compétences, Pierre-René Lemas estime que l'enjeu de la métropole est de permettre à la capitale de "rayonner plus large", dans la compétition avec les métropoles mondiales. En anticipant sur les besoins, notamment en matière de logement, afin de "créer la ville de demain."
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFonquZnpl6sa3RoqpmpJFisKK10qycZpyVqHqlsc%2Boq6xlpprCtXnCq5yeql2hsrR51aKjpZ2jYrGmecOepJqhng%3D%3D