Prenant sa source près de Châlus (Haute-Vienne), la Gorre se jette dans la Vienne à Saillat-sur-Vienne. Avec 35 ouvrages hydrauliques (barrages, moulins, etc.) répartis sur les 38 km qu’il parcourt jusqu’à sa confluence, ce cours d’eau est signalé dans le Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) Vienne comme prioritaire pour ce qui concerne la restauration de la continuité écologique, avec la diminution des obstacles à la circulation des sédiments et des espèces. Si ce processus n’a pas été rendu obligatoire, il vise ici à répondre aux objectifs réglementaires de la Directive-cadre Européenne, en vue d’atteindre le bon état écologique des milieux aquatiques.
Dans le cadre du contrat Contrat territorial des milieux aquatiques Vienne médiane et ses affluents, le Syndicat mixte Vienne Gorre (SMVG, aujourd’hui fusionné au sein du Syndicat d’aménagement du Bassin de la Vienne - SABV) a donc engagé en 2013 une étude de faisabilité pour le rétablissement de la continuité écologique pour chacun des 12 ouvrages les plus problématiques. À l’issue de cette étude, le propriétaire privé du Moulin de Limont, à Saint-Laurent-sur-Gorre (87), ainsi que la commune de Rochechouart (87), propriétaire du seuil du Pont de Gorre, ont accepté d’engager les travaux d’effacement de leur ouvrage aujourd’hui sans usage. Des travaux qui se sont clôturés avec succès fin 2019.
Visites
« C’est le fruit d’une longue phase de concertation et de démarches administratives, explique Marie Adalbert, technicienne rivière au sein du SABV, L’étude initiale d’aide à la décision a associé en plus des propriétaires les partenaires techniques tels que la Fédération départementale de pêche, les associations locales de pêche, l’Office français de la biodiversité ou encore le Parc naturel régional Périgord-Limousin, mais aussi l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et le conseil régional Nouvelle-Aquitaine sur le volet financier. » Fort des travaux d’effacement réussis sur les seuils de la Glane, le SMVG y a organisé des visites pour sensibiliser les propriétaires à la nature et aux modalités des travaux. Pour les seuils de Limot et du Pont de Gorre, les agents en charge de l’archéologie subaquatique de la Direction régionale des affaires culturelles du Limousin ont par ailleurs confirmé qu’aucune étude préalable aux travaux n’était nécessaire.
Pêche
« Le seuil de Limont, d’une hauteur de 2 mètres, était très dégradé par suite d’une crue en 2016. Il fallait intervenir et l’effacement s’est révélé l’option la plus pertinente pour le propriétaire, qui n’avait pas de projet pour son ouvrage », précise Marie Adalbert. L’Association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique (AAPMA) en charge de la gestion du parcours de pêche local, malgré l’état de l’ouvrage, craignait une dégradation du parcours de pêche dans la zone de remous. « Les adhérents ont été invités à la pêche électrique de sauvetage et ont pu constater l’état d’ensablement de la retenue. Il a été convenu qu’ils soient associés si des travaux de resserrement du lit de la rivière sont menés après l’effacement et ont progressivement été rassurés quant au maintien de l’activité de pêche », détaille la technicienne rivière.
Montrer l’exemple
Le barrage du Pont de Gorre faisait lui aussi l’objet d’un ensablement progressif qu’il fallait résoudre. Afin de présenter le projet d’effacement qu’elle envisageait, la municipalité de Rochechouart a organisé avec le SMVG, fin 2017, une réunion publique pour évaluer l’avis des habitants et usagers de la rivière, classée 1re catégorie. « Nous avons pris l’exemple d’un effacement du Gué Giraud déjà réalisé sur la Glane, une autre rivière gérée par notre syndicat. Ce projet était tout à fait similaire à celui de Rochechouart, puisqu’il concernait aussi un barrage où était captée l’eau potable auparavant, détaille Marie Adalbert. Le maire de Rochechouart, ancien président du Parc naturel régional et sensible aux enjeux écologiques, a montré l’intérêt de faire exemple pour les autres ouvrages ; les pêcheurs, autant que les autres partenaires, ont d’emblée validé l’idée. » Une fois les travaux engagés, la proximité du chantier par rapport à une route départementale a fait naître des incompréhensions chez les habitants, qui s’étonnaient d’une intervention aussi conséquente. Cela a nécessité de soigner davantage la communication auprès du grand public, à l’aide panneaux explicatifs notamment.
Si, globalement, les propriétaires des deux ouvrages supprimés ont souhaité agir en faveur de la continuité écologique de la Gorre, c’est aussi « l’opportunité que les travaux soient subventionnés intégralement qui a fini de les convaincre de réaliser les travaux, grâce aux soutiens croisés de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne », précise enfin Marie Adalbert.
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