La Quincaillerie Guret, un tiers-lieu o cooprent associations et agglomration (23)

September 2024 · 5 minute read

En 2015, avec la loi Notr, l'agglomération du Grand Guéret (22 communes, 28.313 habitants) reprend les missions de l’association de développement territorial Le Pays de Guéret et intègre ses deux salariés. Ces derniers, investis à titre personnel dans une association portant un projet de tiers-lieu, proposent aux élus de développer un espace dédié à la médiation numérique et à l’innovation sociale. Fortement soutenue par le Grand Guéret, l’initiative a vite été concrétisée et continue à faire son chemin.

Flux de 30 à 100 personnes par jour sur un plateau de 300 m2

Dès 2015, l’agglomération loue une ancienne quincaillerie de 300 m² en centre-ville de Guéret. Dans ce lieu aménagé en plateau, cohabitent un espace de formation aux outils informatiques, un fablab, un coworking, un bar associatif et pour des événements, une vaste surface d’accueil. Plusieurs associations locales y sont installées : médias citoyens, grainothèque, monnaie locale creusoise... Au quotidien, 30 à 100 personnes fréquentent le lieu : coworkers, usagers du CCAS, du centre socioculturel et de la mission locale, participants à des événements. Toute cette organisation est le fruit d'un travail de coopération mené entre les citoyens initiateurs du projet et les élus et services de l’agglomération.

Elus vite convaincus par l'adhésion citoyenne

Si l’intérêt de ce projet pour le territoire creusois n’a pas fait pas de doute, c'est finalement un autre argument qui a emporté la conviction des élus : "En 2012, à l’occasion des cinq ans d’une radio locale, des habitants et associations avaient investi un lieu vacant du centre-ville de Guéret pendant 10 jours, raconte le coordinateur de la Quincaillerie, Baptiste Ridoux. L'enthousiasme des habitants et la mobilisation des acteurs du numérique, de la culture et des médias associatifs avaient alors été déterminants pour les élus. Ils en ont tiré les leçons pour cette nouvelle idée portée par une association locale."

Service en régie dédié au tiers-lieu

Pour développer le projet, la communauté d’agglomération crée un service en régie dédié au tiers-lieu et rattaché au pôle développement économique. Les services de l’agglomération élaborent notamment le dossier pour le montage financier, et le budget de fonctionnement qui bénéfice d’aides publiques et privés (voir encadré).

Effort de compréhension mutuelle entre collectivité/collectif citoyen

Parallèlement, un comité de pilotage paritaire précisait les contours du projet du tiers-lieu, intitulé la Quincaillerie. Composé d’élus, de techniciens des services développement économique et politique de la ville, ainsi que d'utilisateurs, le comité se réunit deux fois par an. "Au départ, la cohabitation collectivité/collectif citoyen n’a pas été aisée. Un effort de compréhension mutuelle a permis de faire coexister la hiérarchie et les contraintes administratives de la collectivité avec la spontanéité des utilisateurs. Des visites de tiers-lieux en France ou à l’étranger, des participations à des séminaires ont permis aux élus et techniciens de s'approprier le projet." Au final, émerge l’idée d’une animation partagée entre l’association initiatrice du projet d’une part, et les services de l’agglomération d’autre part.

Animation partagée entre l’association et le Grand Guéret

La Quincaillerie est animée par trois personnes salariées de la communauté d’agglomération et dont les postes sont majoritairement financés par des subventions (voir encadré). L’équipe du Grand Guéret est composée d’un coordinateur en charge de la gestion du lieu, du développement du coworking et du rayonnement extérieur de la Quincaillerie. A ses côtés, un fablab manager et un médiateur numérique animent ateliers et formations et accompagnent les personnes ou les associations dans leur usage du numérique.
Les animations proposées par association 23D - à l’origine du projet -, et celles qui le sont par les services de l’agglomération sont distinctes. Ainsi deux jours par semaine, le fablab est réservé aux membres de l’association23D.

Grande Ecole du numérique depuis 2017

En 2017, en partenariat avec le Greta du Limousin et la fondation Agir contre l’exclusion, la Quincaillerie est labellisée Grande Ecole du numérique. Elle a déjà formé une dizaine de personnes éloignées de l’emploi et la session 2018 accueille 12 stagiaires.

Espace trois fois plus grand prévu à partir de 2019

Pour se développer, le tiers-lieu va être déplacé vers le quartier prioritaire de l’Albatros, dans une friche commerciale de 1.000 m2 acquise par la communauté d’agglomération (voir encadré). "Cette friche est bien située, puisque proche de la bibliothèque, du siège de la communauté d’agglomération et d’un lycée, souligne le coordinateur. La superficie permettra d’organiser les espaces selon les divers usages. Reste que le déménagement est un réel défi : il nous faudra garder l’esprit du lieu initial."

Fonctionnement : un financement diversifié

Le lieu a été partiellement équipé avec du matériel et des fonds (10.000 €) provenant de la dissolution de l’association du Pays de Guéret. Le reste du mobilier et matériel informatique est majoritairement issu du réemploi : dons d’associations, de particuliers et d'organismes publics et achats en ressourcerie.

En 2018, la Quincaillerie fonctionne avec un budget annuel de 150.000 €. Les trois postes équivalents temps pleins sont partiellement financés par des subventions (coordinateur : 80% par le programme leader 2016/2021 ; fablab manager : 65% Feder et 15% conseil départemental). Le poste de médiateur numérique est financé à 50% par la vente de prestations. La Quincaillerie est également soutenue à hauteur de 100.000 € par la fondation Orange pour ses actions auprès des publics fragiles.

Investissement : acquisition de la friche commerciale, avec des aides de l’Etat

L’investissement est de de 1,5 million d’euros. Il correspond à l’achat de la friche et les travaux de réhabilitation et d’agrandissement. Il est financé à hauteur de 300.000 € par la communauté d’agglomération. Le projet bénéficie du soutien financier de l’Etat dans le cadre de la dotation d’équipement des territoires ruraux, le réseau Territoires à énergie positive pour la croissance verte et le fonds national d'aménagement et de développement du territoire.

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