Le bocage bressuirais mise sur l'exprimentation "Territoire zro chmeur longue dure"(79)

May 2024 · 4 minute read

Avec un taux de chômage d'à peine 7%, la commune de Mauléon (Deux-Sèvres, 8.600 habitants) peut se targuer d'un contexte plutôt favorable. Cela ne l'empêche pas de compter près de 220 chômeurs de longue durée. Lorsqu'en 2013, ATD Quart Monde vient présenter son projet "territoire zéro chômeurs longue durée" aux élus de l'agglomération du Grand Mauléon et à la maison de l'emploi du bocage bressuirais, l'écoute des élus est attentive.

Le maire de Mauléon élu en 2014, Pierre-Yves Marolleau, également vice-président de la maison de l'emploi, confirme son intention d'être territoire expérimentateur. Si au départ, il pensait ce projet "utopique", aujourd'hui il ose y croire.

Travaux utiles non concurrentiels

Le projet prévoit d'assurer à tous les chômeurs de longue durée volontaires un emploi en CDI, qui serait pris en charge par une entreprise conventionnée, bénéficiant de subventions équivalentes à ce que "coûte" un chômeur à l'heure actuelle (minimas sociaux, accompagnement….). L’autre partie du financement étant constituée par le bénéfice réalisé via la vente des travaux "semi-solvables", c’est-à-dire des travaux dont le prix, au marché actuel, est trop élevé pour qu’ils soient engagés.

A l'automne 2014, la maison de l'emploi du bocage bressuirais a donné son accord pour être en charge de la mise en œuvre. "Auparavant, il a fallu convaincre au sein du conseil d’administrations les représentants des élus et des employeurs que ce projet n’allait pas créer de la concurrence avec les emplois non subventionnés", précise le directeur de la maison de l'emploi, Alain Robin. L'accord a donc été obtenu à la condition expresse que les emplois portent sur des travaux utiles non concurrentiels.

Inventer de nouveaux emplois

L'autre originalité du projet est de partir des compétences et envies des chômeurs, que l'on met en regard avec les besoins non couverts sur le territoire, car peu rentables malgré leur utilité, pour inventer de nouveaux emplois. C'est à cette tâche que la maison de l'emploi se consacre depuis janvier 2015 : réunion publique, rencontres avec les élus des sept communes associées du Grand Mauléon, les chefs d'entreprise, le milieu associatif, des groupes d'habitants comme les personnes âgées. "C'est en cela aussi que le projet devient celui d'un territoire", soulignent le directeur et le président de la maison de l'emploi.

60 demandeurs d’emplois engagés dans la démarche

La maison de l'emploi a contacté tous les chômeurs de longue durée enregistrés par Pôle emploi. Avec pour chacun, des temps d'échange autour de trois grandes questions : que savez-vous faire ? que pouvez-faire ? que voulez-vous faire ?

Près de 80 ont répondu à l'invitation et 60 sont réellement inscrits dans le projet. En juin 2015, la maison de l'emploi a commencé à travailler avec ces chômeurs en groupes pour imaginer des emplois futurs. Ce travail doit se poursuivre jusqu'au premier semestre 2016.

D'ores et déjà, les acteurs ont des pistes très concrètes : entretien de coteaux ou du petit patrimoine, services aux personnes âgées ou activités servant le lien social. "Nous constatons que l'on revient finalement à des travaux qui existaient il y a 20/30 ans mais que plus personne ne veut assumer, malgré leur utilité", constate le directeur de la maison de l'emploi.

La prochaine étape sera de créer l'entreprise conventionnée. Un rôle dévolu au comité de pilotage qui réunit des élus, des représentants associatifs, d'entreprises, agriculteurs et artisans.

Des territoires prêts sur le terrain, mais lenteur du processus législatif

La première difficulté de ce projet, c’est qu’il ne deviendra concret que lorsque le législateur aura donné son aval. L'examen de la proposition de loi ad hoc à l'Assemblée nationale visant à permettre l'expérimentation sur 3 ans, avec les budgets correspondants, a débuté le 9 décembre 2015. L'autre difficulté, c'est que le dispositif est difficile à comprendre car l’approche renverse les codes et essaye de briser les stéréotypes. "Il faut expliquer, réexpliquer, être à l'écoute de toutes les questions et y répondre... Même si on n'a pas de réponse à tout, mais cela permet de faire comprendre la démarche", reconnaissent le président et le directeur de la maison de l'emploi.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo55lkqSworPEZpmrnaOowqq%2BwKKqZqWZqLJuv9SrZKWdqKWys7XMnqWtmaSevK95056pq6GkpLazsYyznKunXZi1sLnErqmsZZyku6jBxGabrqqVmoR6