Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté à l'unanimité, le 12 novembre, un avis et un rapport sur le "Tourisme et développement durable en France", présentés par Christine Dupuis, secrétaire nationale de l'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes) et membre de la section de l'aménagement durable des territoires.
Volontairement ou non, l'avis prend le contre-pied de l'approche de Laurent Fabius. Là où le ministre des Affaires étrangères, également en charge du tourisme, développe une stratégie centrée avant tout sur le développement de l'accueil de touristes étrangers (voir nos articles ci-contre des 19 et 26 juin et du 16 octobre 2014), l'avis du Cese prône un tourisme "au plus près des terroirs", qui prenne en compte "l'ensemble des territoires", par opposition à la concentration spatiale et temporelle du tourisme actuel (voir notre article ci-contre du 24 juillet 2014).
"Repenser le tourisme de masse"
Conséquence : l'approche du Cese est aussi beaucoup plus nationale, puisque l'avis appelle notamment à développer le "tourisme des résidents" - autrement dit des Français -, à travers des secteurs comme le tourisme social, celui des seniors ou le tourisme d'affaires, qui peuvent "favoriser le tourisme hors saison". De même, le Cese préconise de "repenser le tourisme (de masse) tel qu'il est pratiqué depuis la naissance des congés payés".
Pour cela, le Cese identifie quatre enjeux principaux : répondre de manière qualitative et quantitative à l'augmentation du nombre de touristes, promouvoir un tourisme diversifié adapté à la capacité des territoires, répondre à la diversité de la clientèle et développer un tourisme fondé sur les atouts des territoires. Si l'objectif ainsi tracé est ambitieux, les moyens proposés pour l'atteindre sont plus classiques et manquent parfois d'originalité. Comme souvent avec les rapports du Cese, les mesures préconisées ne font pas non plus l'objet d'un chiffrage.
Relancer le tourisme social
Parmi les propositions figure ainsi la remise à plat des rapports entre les hôtels et les plateformes de réservation électronique, jugés trop déséquilibrés en faveur des secondes. Le Cese suggère aussi de s'attaquer au chantier des labels touristiques, dont la prolifération - voire les contradictions - nuisent à la lisibilité de l'offre touristique française. La solution passerait par la création d'un portail public, qui référencerait les offres labellisées et permettrait la réservation en ligne.
Sur la question de la location d'appartements par des particuliers, le Cese rejoint la position du gouvernement sur la nécessité de soumettre à la taxe de séjour les plateformes de type Airbnb. Mais il va plus loin en demandant la requalification en meublés touristiques des biens loués à des touristes "de manière quasi continue".
Le Cese insiste également sur deux autres points : la nécessité de relancer le tourisme social, mais aussi d'améliorer la formation et les conditions de travail et de logement des salariés du secteur. En matière de logement des saisonniers par exemple, ceci pourrait passer par une défiscalisation des constructions ou des rénovations destinées à les accueillir durant la saison.
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