faute de majorit stable, le paysage politique reste incertain

August 2024 · 49 minute read


Le Nouveau Front populaire a défié les prévisions dessinées par le premier tour, devenant ce 7 juillet le premier contingent de l'Assemblée nationale, avec 182 députés (sans compter 12 divers gauche). Donc bien moins que la majorité absolue (289 députés). "Le NFP a gagné relativement car il est en tête, mais avec deux tiers de l'Assemblée de droite, la gauche sera toujours loin", juge le politiste Luc Rouban. "Notre peuple a clairement écarté la solution du pire", a lancé le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, peu après l'annonce des résultats. "Le Premier ministre doit s'en aller" et le NFP doit "gouverner", a-t-il ajouté. Mais avec une alliance hétérogène allant de LFI au mouvement de Raphaël Glucksmann, Place publique, beaucoup de questions restent en suspens sur les rapports de force à gauche.

Autre surprise : le score macroniste, avec 168 élus étiquetés Ensemble (dont 98 Renaissance, 34 Modem et 26 Horizons). C'est certes 35% de moins qu'il y a deux ans. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron il y a un mois, au soir d'une lourde défaite aux européennes, aurait pu se solder par une déroute bien plus importante.

Avec 143 députés, le Rassemblement national (et ses alliés LR-RN proches d'Éric Ciotti, qui représentent 17 élus) double son nombre de sièges, mais finit contre toute attente au troisième rang, loin de la majorité relative promise ou de la majorité absolue rêvée. "Notre victoire n'est que différée", a réagi dans la foulée la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen, quand son candidat à Matignon, Jordan Bardella, a fustigé ce qu'il appelle "l'alliance du déshonneur", en référence aux désistements de gauche et du centre.

Paradoxe institutionnel

"Cette alliance contre le RN aboutit à une forme de paradoxe institutionnel. Les électeurs se sont mobilisés et ont répondu à cet appel, mais pour produire une France ingouvernable à ce stade", a commenté Martial Foucault du Cevipof. "On va expérimenter le temps des discussions, sans doute des revirements", prévoit-il. "Est-ce la plus grande crise de notre Ve République ? C'est fort possible", a même estimé Gaël Sliman, président d'Odoxa. "Emmanuel Macron avait souhaité une clarification avec la dissolution, là on est dans l'incertitude totale. Un très grand brouillard."

En tout cas, avec cette nouvelle tripartition ayant pris forme au terme d'un scrutin qui a fortement mobilisé les électeurs avec une participation estimée à 67% (la plus forte depuis 1997), aucun bloc ne semble en mesure de composer seul un gouvernement. En attendant les intenses tractations à venir, plusieurs scénarios se dessinent, jusqu'à la constitution hypothétique d'un gouvernement technique.

La question se pose aussi de la stratégie des Républicains (LR) qui, plongés dans la tourmente après le ralliement de leur chef Éric Ciotti au RN, conservent au final un contingent d'élus plus que suffisant (45, sans compter 19 élus de droite "non-LR") pour se présenter comme un pivot à l'Assemblée.

"Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par les extrêmes", s'est réjoui Gabriel Attal. S'il a annoncé qu'il remettrait ce lundi matin sa démission à Emmanuel Macron, il s'est aussi dit prêt à assumer ses "fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera", notamment à l'approche des Jeux olympiques (26 juillet - 11 août).

Le "front républicain" a fait son œuvre

La semaine qui se profile va donc produire son lot d'âpres négociations pour les postes-clés à l'Assemblée, avant l'ouverture le 18 juillet de la 17e législature de la Ve République qui débutera par l'élection à la présidence, puis la constitution des groupes politiques. De quoi fournir de premiers indices sur les rapports de forces et les jeux d'alliance dans la nouvelle chambre. Emmanuel Macron va précisément attendre de connaître la "structuration" de la nouvelle Assemblée avant de déterminer qui il va appeler à former un gouvernement, a fait savoir l'Élysée dimanche soir.

La nouvelle Assemblée est en tout cas le fruit du "front républicain" bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague RN qui devait déferler dans l'hémicycle, avec 210 désistements visant à éviter des triangulaires. Le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen et leurs alliés était en tête au premier tour dans 258 des 501 circonscriptions encore en jeu dimanche. Ils ont au final été battus dans 154 d'entre elles, à deux tiers (109) dans des circonscriptions où il y a eu un désistement entre les deux tours. Les duels se sont principalement soldés par des défaites pour le RN : que ce soit face au Nouveau Front populaire (90 perdus sur 152), face au camp présidentiel (105 perdus sur 128) ou face à LR (32 perdus sur 39). En revanche, la partie a été plus facile dans les circonscriptions où des triangulaires ont été maintenues. Sur les 11 où le RN était en tête au premier tour, une seule lui a échappée. Aux législatives de 2022, le parti avait gagné 89 députés. Dans ces circonscriptions, 33 ont été réélus dès le premier tour et 48 au second. Le RN n'a donc perdu que 8 des circonscriptions qu'il avait remportées en 2022.

"Prendre le temps qu'il faut"

Quoi qu'il en soit, le Nouveau Front populaire, qui se dit "prêt" à gouverner, va entamer de difficiles tractations en son sein, notamment autour de la figure du Premier ministre. Les discussions avaient commencé dans la soirée de dimanche et devaient se poursuivre dans les jours qui viennent. La répartition, qui pourrait évoluer à la marge, est de 71 élus pour la France insoumise, 64 pour le Parti socialiste, 33 pour les Écologistes et 9 pour le Parti communiste.

Pas question de se précipiter : "On n'a pas besoin d'avoir un nouveau gouvernement nommé cette semaine, on est dans aucun des scénarios des cohabitation précédentes, on a tout à inventer", souligne la sénatrice socialiste Corinne Narassiguin. "On va prendre le temps qu'il faut (...) et faire les choses étape par étape", a également tempéré Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise. Dimanche soir toutefois, toutes les formations l'ont répété : ce sera sur le programme du Nouveau Front populaire que devra se baser le projet du nouveau gouvernement. Avec en ligne de mire l'abrogation de la réforme des retraites, de la loi Immigration et de la réforme de l'assurance chômage, mais aussi des mesures sur le pouvoir d'achat, comme le Smic à 1.600 euros net qui, a déclaré Jean-Luc Mélenchon, se ferait "par décret".

Île-de-France

La Seine-Saint-Denis fermement ancrée à gauche, une légère progression du RN dans la grande couronne, des macronistes solides dans leurs bastions des Hauts-de-Seine et des Yvelines : ce qu'il faut retenir du second tour des élections législatives en Île-de-France.

La Seine-Saint-Denis reste à gauche
Le Nouveau Front populaire confirme le grand chelem réalisé en 2022 par la Nupes, avec 12 circonscriptions sur 12 remportées par la gauche. La moitié des députés du département avaient été réélus dès le premier tour, principalement des figures insoumises (Clémentine Autain, Éric Coquerel, Aurélie Trouvé...). Affrontant une candidate investie par son propre parti contre lui, le député sortant LFI Alexis Corbière a été largement réélu avec 57% des voix dans la 7e circonscription (Montreuil, Bagnolet). Tous les députés sortants du département ont été réélus, à l'exception de Raquel Garrido dans la 5e circonscription (Bobigny, Drancy). Arrivée troisième dans une triangulaire avec l'UDI Aude Lagarde et le candidat insoumis officiellement investi contre elle, Aly Diouara, Raquel Garrido s'était désistée entre les deux tours. Au second tour, M. Diouara a été largement élu avec 60,55% des voix.

Yvelines et Hauts-de-Seine, bastion du camp présidentiel
Dans les Hauts-de-Seine, département historiquement à droite et passé sous pavillon macroniste dès 2017, de nombreux ministres ont conservé, ou gagné, un poste de député. Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a été élu à Boulogne-Billancourt pour la première fois, et le Premier ministre, Gabriel Attal, comme la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, ont été réélus. Dans les Yvelines, huit députés sur 12 restent macronistes, dont Aurore Bergé et Karl Olive.

En Seine-et-Marne, progression contenue du RN
À l'issue du second tour, le Nouveau Front populaire détient six circonscriptions, deux allant Ensemble, deux au RN et une à LR. Largement rurale, la Seine-et-Marne était un département-clé en Île-de-France pour le parti d'extrême droite. Le RN espérait y remporter aux législatives une part significative des 11 sièges de députés - un dans la précédente législature - et confirmer sa percée des européennes dans la grande couronne parisienne. Alors que huit triangulaires s'annonçaient à l'issue du premier tour, les retraits tactiques ont limité les victoires du RN. Outre la réélection dans la 6e circonscription de sa seule députée sortante dans le département, le parti lepéniste ne conquiert que la très rurale 4e circonscription (Provins, Nangis) avec Julien Limongi.

Dans le Val-d'Oise, le recul des macronistes
Le camp présidentiel enregistre un net reflux dans le Val-d'Oise par rapport aux législatives de 2022, avec une seule circonscription sauvée sur les six qu'il détenait. Dans la 4e circonscription, la candidate Ensemble Naïma Moutchou (Horizons) sauve les meubles avec 55,39% des voix. Dans l'entre-deux-tours, elle a bénéficié du désistement du candidat LR-RN arrivé troisième. Dans le Vexin (1re circonscription), le maintien de la députée sortante arrivée troisième, la macroniste Émilie Chandler, aboutit à la victoire sur le fil de la RN Anne Sicard avec seulement 500 voix d'avance sur le candidat NFP. Le reflux des macronistes se fait au bénéfice du NFP qui prend le contrôle de quatre nouvelles circonscriptions, portant son total à huit dans le département.

En Essonne, défaite de Dupont-Aignan
Coup de tonnerre dans l'Essonne : après vingt-sept ans à représenter la 8e circonscription, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) perd son siège dans une triangulaire, devancé par le syndicaliste cheminot Bérenger Cernon (NFP). Le RN, qui espérait progresser dans ce département, ne fait que conserver la circonscription qu'il détenait depuis 2022.

Paris retrouve ses couleurs de 2012
À Paris, la gauche a conquis trois sièges sur le camp macroniste à l'issue du second tour, par rapport au scrutin de 2022, au contraire de la droite qui échoue à retrouver un strapontin. Les législatives de 2022 avaient accouché d'une capitale coupée en deux, avec neuf circonscriptions macronistes à l'ouest et autant de gauche à l'est. De nouveau unie, la gauche a pris le dessus en arrachant trois sièges aux macronistes, pour porter son total à douze. Soit exactement les mêmes circonscriptions qu'elle avait en 2012, dans la foulée de l'accession à l'Élysée de François Hollande. Humilié en 2022, avec aucun député, le PS, qui domine à l'hôtel de Ville, a retrouvé deux sièges. Dès le premier tour, le premier adjoint, Emmanuel Grégoire, avait assuré un siège en éliminant le député sortant et ex-ministre macroniste Clément Beaune. Et dimanche, la jeune socialiste Céline Hervieu a battu une autre députée sortante, Maud Gatel, cadre du MoDem. Troisième conquête pour la gauche à Paris : l'écologiste Léa Balage El Mariky a pris sa revanche sur le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, qui l'avait battue de moins de 1.000 voix en 2022 après avoir accusé six points de retard au premier tour. Neuf élus de gauche avaient été élus dès le premier tour, dont cinq LFI (Aymeric Caron, Danièle Obono, Sarah Legrain, Sophia Chikirou et Rodrig Arenas) et deux écologistes (Eva Sas et Sandrine Rousseau) réélus. Dans l'ouest parisien, Renaissance a limité la casse en reconduisant cinq députés parisiens à l'Assemblée : la ministre déléguée Olivia Grégoire, David Amiel, Benjamin Haddad, Astrid Panosyan-Bouvet et Sylvain Maillard. À ces sortants s'ajoute Jean Laussucq, l'adjoint de Rachida Dati à la mairie du VIIe arrondissement, qui a obtenu l'investiture de Renaissance au détriment du député sortant Gilles Le Gendre, pourtant un "marcheur" historique. Arrivé troisième au premier tour, ce dernier s'est désisté, a annoncé qu'il voterait pour la candidate PS et fustigé les "ralliés de circonstance", visant ainsi M. Laussucq et Mme Dati, avec qui il entretient une inimitié notoire. Malgré ces divisions dans le camp présidentiel, M. Laussucq s'est imposé avec 56,5% des voix. Au soir du premier tour, la droite parisienne faisant grise mine avec aucun candidat en ballotage favorable, alors qu'elle espérait faire son retour à l'Assemblée avec un, voire deux, députés. Dans la 14e circonscription, Patrick Dray, conseiller du président du Sénat, Gérard Larcher, a même jeté l'éponge dans l'entre-deux-tours après avoir récolté 17% des voix dans un fief de droite. Il a ainsi laissé le sortant Benjamin Haddad face au seul candidat de "l'union des droites" (LR-RN) présent au deuxième tour à Paris, Louis Piquet, qui a obtenu 27,56% des voix. Le dernier espoir des LR "canal historique" reposait sur Geoffroy Boulard, le maire LR du XVIIe arrondissement qui partait avec treize points de retard sur Astrid Panosyan-Bouvet. Il a finalement échoué à 48%. C'est l'une des figures des "purgés", ces députés sortants LFI non réinvestis car trop critiques vis-à-vis de la direction : malgré cela, la dissidente Danielle Simonnet, très bien implantée dans le XXe arrondissement, y a été réélue triomphalement avec environ 75% des voix, selon les résultats presque complets. Un désaveu pour le parti, qui avait choisi la militante CGT Céline Verzeletti pour porter ses couleurs.

Nouvelle-Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, où une vingtaine de candidats s'étaient désistés, équitablement entre candidats du Nouveau Front populaire (NFP) et de la majorité présidentielle, la stratégie de barrage a fonctionné contre le Rassemblement national (RN) qui confirme néanmoins son implantation en zone rurale. Sur 43 députés sortants en lice pour le second tour dans la région, 34 ont été réélus, tandis qu'en Corrèze, l'ancien président de la République François Hollande a retrouvé son siège de député.

Le RN stoppé...
"Le front républicain a fonctionné dans la région comme ailleurs", relève le politologue bordelais Jean Petaux, évoquant l'exemple du Lot-et-Garonne, département où le RN avait placé ses trois candidats en tête, dont deux avec plus de 40% des voix. Au final, le sortant Michel Lauzzana (majorité présidentielle) sauve son siège, tandis qu'Annick Cousin (RN) est l'une des rares à le perdre face au maire LR de Villeneuve sur-Lot, Guillaume Lepers, dans deux circonscriptions où les candidats du NFP s'étaient désistés. La sortante du RN Hélène Laporte conserve en revanche le sien. Situation retournée aussi dans les Landes, où le RN était sorti en tête dans deux circonscriptions sur trois, avec un score historique sur ces terres marquées jusque-là à gauche : il ne remporte au final aucun siège après deux désistements du NFP. En Gironde, le sortant Grégoire de Fournas a été battu d'une courte tête dans le Médoc par la socialiste Pascale Got, tandis que Mathilde Feld (LFI/NFP) a gagné un autre duel très serré face au RN autour de Libourne, après un désistement dans ces deux circonscriptions.

... mais pas partout
L'implantation du Rassemblement national, en zone rurale notamment, tend cependant à se confirmer. L'unique circonscription de la Creuse bascule ainsi dans le giron du parti d'extrême droite, où le ciottiste Bartolomé Lenoir l'emporte dans le cadre d'une triangulaire où la candidate de droite, troisième au premier tour, s'était maintenue avec celle du NFP, deuxième. En Dordogne, le RN remporte trois circonscriptions sur quatre dont deux nouvelles gagnées de moins de 100 voix, la dernière restant à gauche. "Le RN reste en position de force. Malgré les désistements ils continuent d'engranger" des voix, estime Vincent Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux. Il évoque ainsi la victoire du parti de Jordan Bardella dans la circonscription de Royan en Charente-Maritime, département où il ne comptait aucun député jusqu'alors, et sa très courte défaite dans une circonscription voisine.

Statu quo dans cinq départements
En Charente, les trois blocs principaux conservent chacun un siège : René Pilato (NFP) l'emporte contre le porte-parole d'Horizons, Thomas Mesnier, Sandra Marsaud (Renaissance) devance le ciottiste Bathélemy Martin, tandis que la sortante Caroline Colombier (RN) est réélue dans sa circonscription. Idem dans les Landes, où l'ex-ministre Geneviève Darrieussecq (MoDem) et le socialiste Boris Vallaud sont reconduits avec Lionel Causse (Renaissance). Les sortants l'emportent aussi dans les Deux-Sèvres, dont l'écologiste Delphine Batho ; en Haute-Vienne, où le Nouveau Front populaire fait carton plein ; enfin dans la Vienne, où la majorité présidentielle conserve trois circonscriptions sur quatre dont celle de Sacha Houlié. Dans le Béarn de François Bayrou, les candidats du MoDem sauvent finalement leur place face au RN. Mais la gauche l'emporte dans les quatre autres circonscriptions des Pyrénées-Atlantiques en envoyant pour la première fois à l'Assemblée un élu autonomiste basque, allié au NFP, Peio Dufau.

Hollande, le retour
Parmi les têtes d'affiche, François Hollande l'emporte en Corrèze, de même que Thomas Cazenave en Gironde et Olivier Falorni en Charente-Maritime, département où le député européen écologiste Benoît Biteau, figure de la lutte contre les "bassines", est également élu. En revanche, l'ex-ministre Bérangère Couillard (Renaissance) est battue en Gironde où le Nouveau Front populaire gagne sept des 12 circonscriptions, contre quatre à la majorité présidentielle qui perd deux sièges, le RN n'en conservant qu'un. "Je n'y croyais tellement pas, hier encore je pensais que notre monde s'écroulait et là, c'est la joie absolue", réagissait Axelle, une fonctionnaire de 25 ans, sur la place de la Victoire à Bordeaux.

Auvergne-Rhône-Alpes

En Auvergne-Rhône-Alpes, comme ailleurs dans le pays, le Rassemblement national arrivé largement en tête du premier tour des législatives, n'a pas transformé l'essai au second tour. La gauche, en revanche a réussi le grand chelem dans les circonscriptions de Lyon intra-muros, conquis Saint-Étienne et consolidé ses positions ailleurs, notamment en battant l'ancien ministre Oliver Véran à Grenoble. Les candidats LR, à l'image du président de région, Laurent Wauquiez, se sont maintenus dans leur fief, à l'exception de Damien Abad, éphémère ministre du gouvernement Philippe, qui, après son échec au premier tour, a passé la main à un candidat LN-RN.

La gauche vent en poupe
Le Nouveau Front populaire a raflé les quatre circonscriptions de Lyon, où la députée écologiste sortante Marie-Charlotte Garin avait été réélue dès le premier tour. Boris Tavernier, représentant de la société civile a lui aussi frôlé la barre des 50%. Dans le Puy-de-Dôme, le NFP a remporté 4 des 5 circonscriptions, seule la 4e circonscription restant aux mains de la candidate MoDem-Ensemble, Delphine Lingemann. Le communiste André Chassaigne, pilier du PC investi par le NFP, a notamment été réélu dimanche dans la 5e circonscription avec 55,27% des voix exprimées, tandis que l'écologiste Nicolas Bonnet battait la députée sortante de la majorité présidentielle Laurence Vichnievsky. À Saint-Étienne, le socialiste Pierrick Courbon a remporté la 1re circonscription avec 57,92% des voix face au RN après le désistement du député macroniste sortant Quentin Bataillon. À Grenoble, la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain a été largement réélue dimanche face au RN Édouard Robert, après le désistement de la candidate Ensemble. Le jeune insoumis Hugo Prévost, un militant de 24 ans, a fait tomber l'ancien ministre Olivier Véran et Sandrine Nosbé détrône la députée sortante Élodie Jacquier-Laforge (Modem).

Renaissance résiste
En Isère, au-delà de la défaite d'Olivier Véran, la majorité présidentielle a perdu deux sièges au profit du RN (Thierry Perez, élu avec 55,40% dans la 10e) et du LR-RN dans la 8e (Hanane Mansouri, 54,10%). Mais en Savoie, la secrétaire d'État en charge du numérique, Marina Ferrari, a été réélue sans difficulté avec 58,08% des voix face à la jeune LR-RN Thyphaine Degois, ex-députée macroniste (2017-2022). Dans l'Ain, Olga Givernet, talonné au premier tour par une rivale RN, a finalement remporté son troisième mandat avec 63% des voix exprimées. En Haute-Savoie, les quatre députés macronistes sortants ont été confortablement réélus, Antoine Armand (68,83% des voix), Véronique Riotton (64,23%), Xavier Roseren (58,84%) et Anne-Cécile Violland (62,13%).

La droite se maintient dans ses fiefs
Le président LR d'Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, possible candidat de la droite à l'Élysée en 2027, a été élu dimanche au second tour des élections législatives dans son fief de Haute-Loire et assuré qu'"il n'y aura ni coalition ni compromission". L'ancien ministre âgé de 49 ans l'a remporté avec 61,61% des voix dans la 1re circonscription de ce département rural, face au candidat RN Alexandre Heuzey, avec un taux de participation de 71,51%. Dans la Loire, comme dans l'Allier, en Savoie ou en Haute Savoie, les sortants ont été réélus sans problème. Dans le Cantal, aussi, le sortant Vincent Descoeur (DVD, ex-LR) a largement battu son adversaire RN après le désistement de la candidate NFP, tandis que Jean-Yves Bony (DVD, ex LR), réélu avec 60,71% des voix exprimées dans un duel face au RN.

Le RN s'installe à Crépol
L'extrême droite qui disposait de quatre députés va en envoyer 11 à l'Assemblée nationale. Le petit village drômois de Crépol a confirmé sa préférence pour le RN, sept mois après la mort de Thomas, 16 ans, victime d'un coup de couteau lors de violences entre jeunes à la fin d'un bal. L'affaire, brandie comme exemple de l'insécurité grandissante dans les campagnes par la droite et l'extrême droite, avait fait la une des médias pendant des jours. Le candidat du RN Thibaut Monnier a récolté 35,78% des voix exprimées dans le village, au terme d'une triangulaire qui a placé la députée sortante Emmanuelle Anthoine (LR) en dernière position.

Bretagne

Après une percée inédite au premier tour, le Rassemblement national (RN) a échoué dimanche à faire élire le moindre député en Bretagne, région de tradition centriste, où le camp macroniste a bien résisté et la gauche a progressé.

Le RN fait chou blanc
Nul n'est prophète en son pays : dans la région de naissance de Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti d'extrême droite, aucun député RN n'a été élu dimanche. Le parti de Jordan Bardella avait pourtant réalisé une percée historique dimanche dernier sur cette ancienne terre de mission, en parvenant à qualifier ses candidats dans 26 circonscriptions sur 27, faisant même la course en tête dans cinq d'entre elles. Dans la 3e circonscription du Morbihan (Pontivy), où le candidat RN Antoine Oliviero était arrivé loin devant (35,8%) au premier tour, c'est finalement la députée macroniste sortante Nicole Le Peih qui l'a emporté avec 10.000 voix d'avance, après le désistement de la candidate de gauche arrivée troisième. Le RN a également été défait dans la 6e circonscription du Morbihan (Hennebont) et la 4e d'Ille-et-Vilaine (Redon), où le parti avait affiché ses ambitions avant le scrutin.

La gauche gagne trois sièges
Le Nouveau Front populaire (NFP) a fait élire neuf députés en Bretagne dimanche, soit trois de plus que la Nupes en 2022. La gauche progresse notamment dans les grandes villes, comme à Brest, à Lorient et à Rennes. Dans la circonscription de Brest-centre, ville tenue par le PS depuis 35 ans, l'insoumis Pierre-Yves Cadalen, 31 ans, candidat malheureux en 2017 et 2022, l'a ainsi emporté avec 41% des voix dans une triangulaire.

Le camp présidentiel fait de la résistance
Le camp macroniste, qui l'avait emporté dans 18 circonscriptions sur 27 en 2022, a réussi à garder 15 députés dimanche soir dans la péninsule bretonne. Dans le Finistère notamment, six des sept députés macronistes sortants ont été réélus, à l'exception du Brestois Jean-Charles Larsonneur, qui avait quitté la majorité après l'adoption de la loi Immigration en décembre. En 2017, le parti présidentiel l'avait emporté dans 24 des 27 circonscriptions bretonnes, ne laissant que trois sièges à la droite (LR-UDI).

Hervé Berville réélu
Symbole de cette résistance, dans la deuxième circonscription des Côtes-d'Armor (Dinan), le secrétaire d'État à la Mer, Hervé Berville, est réélu avec 63,6% des voix face au candidat RN Antoine Kieffer (36,4%) et après le désistement du candidat écologiste arrivé troisième.

Corentin Le Fur succède à son père
Dans la 3e circonscription des Côtes-d'Armor (Lamballe-Loudéac), Corentin Le Fur (Les Républicains) a été élu avec 68% des voix face à la candidate RN Odile de Mellon (32%). Son père, Marc Le Fur, député sortant élu presque sans discontinuer depuis 1993, ne se représentait pas après avoir annoncé être atteint d'un cancer. Le parti de droite conserve également son bastion de la septième circonscription d'Ille-et-Vilaine (Saint-Malo).

À Lorient, un écologiste élu dans le fief de Le Drian
Déjà en tête au premier tour, l'écologiste Damien Girard l'emporte avec 38,9% des voix, battant la députée sortante (Renaissance) Lysiane Métayer (34,1%) et la candidate RN Aurélie Le Goff (27%), dans la circonscription de Lorient, fief de l'ancien ministre Jean-Yves Le Drian, soutien d'Emmanuel Macron dès 2017.

Provence-Alpes-Côte d'Azur

Le Rassemblement national (RN) privé une nouvelle fois du grand chelem dans le Vaucluse après la victoire de Raphaël Arnault, candidat Insoumis "fiché S" ; Pierre Dharréville, le dernier député communiste de la région, battu dans son fief des Bouches-du-Rhône : ce qu'il faut savoir en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le "fiché S" Raphaël Arnault prive le RN du grand chelem dans le Vaucluse
Son parachutage pour le Nouveau Front populaire dans la 1re circonscription du Vaucluse, incluant Avignon, avait fait grincer des dents y compris dans la gauche locale qui avait présenté un dissident. La droite et l'extrême droite avaient largement mis en avant son inscription au fichier "S", registre policier recensant les individus potentiellement dangereux pour la sécurité nationale. Mais le cofondateur de la "jeune garde antifasciste", mouvement assumant une stratégie frontale contre l'extrême droite, a réussi son pari, battant largement la députée sortante du Rassemblement national (RN) Catherine Jaouen avec 54,98%. "On l'a fait, l'antifascisme à l'Assemblée", a-t-il écrit sur X.

Défaite pour le dernier député communiste de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Fief communiste depuis presque 40 ans, la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône comprenant la zone industrielle et portuaire près de Marseille, est tombée dans les bras du RN, avec la défaite de Pierre Dharréville face à Emmanuel Fouquart, un ex-gendarme de 57 ans. Député depuis 2017, M. Dharréville, ancien journaliste, était le dernier député communiste de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Aix-en-Provence : plus aucun siège pour la majorité
La majorité présidentielle a perdu les deux sièges de député couvrant la ville d'Aix-en-Provence, avec la victoire d'un candidat de l'alliance RN-Ciotti et celle d'un apparenté socialiste, Marc Pena, ancien doyen de la faculté de droit de la ville, pour 272 voix (11e circonscription). Dans la 14e circonscription, la députée Renaissance sortante Anne-Laurence Petel, qui avait terminé troisième au premier tour mais avait refusé de se désister au profit du socialiste Jean-David Ciot, a encore une fois terminé troisième, offrant la victoire pour 858 voix au candidat de l'alliance RN-Ciotti Gérault Verny.

Ciotti réélu dans les Alpes-Maritimes
Éric Ciotti, président contesté des LR depuis son alliance avec le Rassemblement national, a été réélu dans son fief des Alpes-Maritimes, a-t-il affirmé sur X (ex-Twitter), avant de dénoncer devant la presse "la tambouille politicienne" et "l'alliance de la honte" entre "macronistes, écologistes, insoumis, socialistes, communistes et amis de M. (Xavier) Bertrand" qui "amène le pouvoir à l'extrême gauche sur un plateau d'argent".

Alpes-de-Haute-Provence : carton plein pour le RN
Dans ce département alpin, où la participation a dépassé les 70% (70,53%), le RN a conservé son siège acquis en 2022 dans la circonscription de Digne, la ville préfecture, et conquis la deuxième circonscription en jeu, malgré le retrait des candidats macronistes arrivés troisièmes dans les deux cas. Dans la deuxième circonscription, qui compte notamment les communes de Forcalquier, Manosque ou Sisteron, le député Insoumis sortant, Léo Walter, tombeur en 2022 de l'ex-ministre de l'Intérieur macroniste Christophe Castaner, a été défait par la maire de Barcelonnette Sophie Vaginay-Ricourt, ex-LR investie sous la bannière RN à la faveur des accords Ciotti.

Hautes-Alpes : à gauche (PS) toute
Dans ce département alpin qui comptait deux députés macronistes sortants, le camp présidentiel avait été balayé dès le premier tour et ses candidats, arrivés en troisième position, s'étaient retirés, laissant face à face des représentants du RN et du Nouveau Front populaire, dont les candidates PS l'ont finalement emporté. Dans la première circonscription, celle de Gap, Marie-José Allemand, patronne du PS local, a devancé (51,6% contre 48,4%) l'ancien sondeur Jérôme Sainte-Marie, chargé de la formation des cadres au RN et arrivé en tête au premier tour. Dans la deuxième circonscription, qui compte la ville de Briançon et où le sortant macroniste ne se représentait pas, Valérie Rossi, une ancienne de la majorité présidentielle, a largement devancé son adversaire RN Louis Albrand (56,35 contre 43,65%).

Occitanie

En Occitanie, deux tendances distinctes apparaissent : dans l'ancienne région Midi-Pyrénées ancrée à gauche, le Nouveau Front populaire progresse, alors que le Rassemblement national rafle 17 des 23 circonscriptions dans l'ex-Languedoc-Roussillon. À l'issue des élections législatives, le Rassemblement national et les Républicains alliés au RN devancent d'un siège l'union de la gauche dans la région, avec 18 députés RN et trois députés LR-RN. L'union de la gauche, qui gagne trois sièges par rapport à 2022, en compte désormais 20.

Déferlante RN dans l'arc méditerranéen
Comme en 2022, le RN a remporté tous les sièges des Pyrénées-Orientales (4) et de l'Aude (3). Dans le Gard, le RN passe de quatre à cinq députés sur un total de six. La circonscription restante revient à un LR, soutenu par le parti de Jordan Bardella, dans le cadre de l'accord avec les Républicains. Dans l'Hérault, le RN progresse de trois sièges au détriment des macronistes, un de ces sièges revenant aussi à un candidat LR soutenu par le RN. Par ailleurs, au total trois députés LR soutenus par le RN tirent leur épingle du jeu : la maire de Montauban Brigitte Barèges dans le Tarn-et-Garonne, Alexandre Allégret-Pilot, candidat parachuté, conseiller municipal de Haute-Savoie, dans la 5e circonscription du Gard, et, dans l'Hérault, Charles Alloncle, un ancien président des "Jeunes avec Nicolas Sarkozy".

Emmanuelle Ménard battue par le RN
Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers proche de l'extrême droite, Robert Ménard, est largement battue par le responsable départemental du RN dans l'Hérault, l'ancien sarkozyste Julien Gabarron, avec 47,26% dans la 6e circonscription héraultaise où elle était députée depuis 2017.

Haute-Garonne : 8 sièges NFP sur 10
Trois PS, quatre LFI, une écologiste : le Nouveau Front populaire enverra huit députés de gauche à l'Assemblée nationale, soit deux de plus que dans la précédente législature. Dans cette place forte de la gauche, la progression se fait au détriment de candidats macronistes, qui n'ont pu sauver deux sièges que grâce aux désistements de candidats de gauche. Comme dans d'autres grandes métropoles de France, LFI enregistre des scores élevés à Toulouse, quatrième ville de France.

Pradié réélu
L'ex-numéro 2 des Républicains, Aurélien Pradié, a été réélu avec 53,78% des voix dimanche dans la 1re circonscription du Lot, après une campagne menée sans étiquette. Le député sortant, qui a pris ses distances avec un LR fracturé par l'alliance avec le RN, devance de 30 points les candidates du Nouveau Front populaire (NFP) Elsa Bougeard (LFI, 23,26%) et du RN Slavka Milaylova (22,96%).

Poutou battu
Dans la 1re circonscription de l'Aude, à Carcassonne, Philippe Poutou, trois fois candidat NPA (Nouveau parti anticapitaliste) à l'élection présidentielle, représentant le NFP, a été largement battu par le député sortant RN, Christophe Barthès.

Rabault battue
Dans la 1re circonscription du Tarn-et-Garonne, une figure du PS, Valérie Rabault, est défaite par la maire LR de Montauban qui retrouve, avec le soutien tacite du RN, son siège et prend sa revanche sur l'ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale qui l'avait battue en 2012.

Hauts-de-France

Le Rassemblement national continue à progresser dans les Hauts-de-France, en dépit de désistements qui ont permis à des candidats en mauvaise posture face au RN d'être élus ou réélus, comme François Ruffin (NFP) dans la Somme ou Gérald Darmanin (Ensemble) dans le Nord. Ce qu'il faut savoir dans les Hauts-de-France.

Le RN progresse
Dans le Pas-de-Calais, où le Rassemblement national avait déjà raflé six des douze circonscriptions au premier tour, quatre députés RN ont été élus ou réélus dimanche. Le député sortant de Calais Pierre-Henri Dumont (LR) a été battu par son concurrent RN, un ancien capitaine de la Légion étrangère. Le désistement du député macroniste sortant de la 5e circonscription Jean-Pierre Pont, qui avait appelé à voter contre le RN, n'a pas empêché le parti d'extrême droite de s'emparer de ce siège. Le département compte désormais 10 députés RN, contre six en 2022. Dans la Somme, où le député sortant et spécialiste des questions économiques au RN Jean-Philippe Tanguy a été réélu avec 57% des voix, le département compte désormais trois députés d'extrême droite, contre deux en 2022. Dans l'Oise, le RN s'octroie une victoire symbolique en ravissant la première circonscription au LR Victor Habert-Dassault, héritier d'une famille dont des membres occupent ce siège presque sans discontinuer depuis 1958. Rares reculs du RN : dans le Nord, Sébastien Huyghe, cadre LR investi par les macronistes, retrouve un siège qu'il a occupé pendant 20 ans entre 2002 et 2022, en battant le député sortant RN Victor Catteau, grâce au désistement de la candidate LFI arrivée troisième. Et un maire nordiste divers droite, Jean-Pierre Bataille, proche de Xavier Bertrand (LR), bat le député sortant RN Pierrick Berteloot. Cela n'empêche pas le RN et ses alliés de progresser, avec sept députés dans ce département, soit un de plus qu'en 2022.

Darmanin et Ruffin réélus
Le député de gauche François Ruffin, qui accusait sept points de retard face à sa concurrente RN au soir du premier tour, a finalement été réélu avec 52,96% des voix dans la 1re circonscription de la Somme, où la candidate macroniste s'était désistée en appelant très clairement à faire barrage au RN. Le dirigeant du micro-parti Picardie Debout, qui a rompu avec le chef de file Insoumis Jean-Luc Mélenchon en cours de campagne, a appelé la gauche à gouverner "avec tendresse pour les Français". "Nous devons apaiser et non brutaliser", a-t-il lancé. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a été réélu dans sa circonscription de Tourcoing (Nord), où il a rassemblé 61% des voix face à son concurrent RN, après le désistement d'une candidate LFI qualifiée pour le second tour. Au premier tour, il n'avait que 837 voix d'avance sur le RN. Le front républicain a également bien fonctionné pour Valérie Létard, ex-vice-présidente du Sénat, élue député dans le Nord avec 51,5% des voix, qui a rattrapé plus de 13 points de retard avec sa concurrente RN, notamment grâce au désistement du candidat LFI arrivé troisième. La ministre déléguée à l'Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, parachutée dans le Pas-de-Calais, a été élue avec 55% des voix face à son concurrent du Rassemblement national. Elle a bénéficié du désistement d'un candidat écologiste du Nouveau Front populaire, dans une circonscription déjà tenue par une députée macroniste. L'ancien ministre et député sortant macroniste Éric Woerth, arrivé deuxième avec moins de 30% des voix au premier tour, a finalement été réélu dans la quatrième circonscription de l'Oise avec 53,44%. Dans la seule circonscription de l'Aisne que le Rassemblement national n'avait pas conquise dès le premier tour, le député sortant LR Julien Dive, proche de Xavier Bertrand, a conservé son siège de justesse, avec 500 voix de plus que son concurrent RN Philippe Torre, avocat d'Éric Ciotti.

Bastions LFI lillois
Dans le Nord, LFI conserve ses bastions de la métropole lilloise, des 1re, 2e et 8e circonscriptions, malgré les remous autour d'Adrien Quatennens, qui avait renoncé à se présenter face aux pressions et critiques après une condamnation pour violences conjugales fin 2022. Aurélien Le Coq, qui l'avait remplacé dans la 1re circonscription mais a dû affronter au premier tour une dissidente féministe soutenue par une partie de la gauche locale, recueille au second tour un très confortable score de 75,49% contre une candidate RN. Dans la 2e, Ugo Bernalicis est élu avec 53,20%, à l'issue d'une triangulaire avec RN et la majorité, tandis que dans la 8e, David Guiraud obtient 64,32% face au RN.

Municipales en vue
À Lille, les résultats aux législatives sont aussi scrutés dans la perspective de la succession de Martine Aubry à la mairie, en 2026. Dans la 9e circonscription du Nord, la députée macroniste sortante Violette Spillebout, ancienne directrice de cabinet de Mme Aubry qui a rejoint la majorité présidentielle en 2016, a été réélue à l'issue d'une triangulaire. Elle a annoncé au mois de mars qu'elle serait candidate à la mairie de Lille en 2026. Roger Vicot, socialiste également candidat déclaré à la succession de Mme Aubry, a lui aussi été réélu, dans la 11e circonscription du Nord. Une proche de Martine Aubry, Charlotte Brun, adjointe chargée de l'éducation à la mairie de Lille, a en revanche échoué à faire chuter la macroniste sortante Brigitte Liso dans la 4e circonscription.

Grand Est

Le Rassemblement national a enregistré des résultats mitigés dans le Grand Est, très décevant en Alsace par exemple, mais raflant plusieurs sièges dans des départements ruraux comme la Meuse, les Vosges ou les secteurs frontaliers en Lorraine.

En Alsace, le soufflé RN retombe
Pourtant en tête à l'issue du premier tour dans 11 des 15 circonscriptions alsaciennes, le RN n'a pas transformé l'essai, avec un seul député élu. C'est le jeune Théo Bernhard, 24 ans, qui sauve l'honneur en arrachant de justesse la 8e circonscription du Bas-Rhin face à la sortante Stéphanie Kochert (Horizons). Dans la première circonscription du Haut-Rhin, la sortante macroniste Brigitte Klinkert, ancienne ministre déléguée à l'Insertion du gouvernement, a largement battu (58,24%) le RN Laurent Gnaedig. Ce pilier du RN en Alsace avait vu sa campagne d'entre-deux-tours entachée par des déclarations selon lesquelles les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz, "point de détail" de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n'étaient "pas antisémites". LR conserve ses deux seuls députés alsaciens : Patrick Hetzel, élu depuis 2012 dans la 7e circonscription du Bas-Rhin, rempile pour un quatrième mandat d'affilée, et dans la 4e circonscription du Haut-Rhin, celle de Fessenheim, Raphaël Schellenberger sauve son siège d'un cheveu face à la RN Marion Wilhelm (50,68% des voix).

Strasbourg, à gauche toute
À Strasbourg, le Nouveau Front populaire (NFP) a réalisé le grand chelem, en remportant les trois circonscriptions de la capitale alsacienne, avec les réélections de l'écologiste Sandra Regol et du LFI Emmanuel Fernandes, respectivement dans la 1re et la 2e, tandis que dans la 3e, c'est le PS Therry Sother qui s'est extrait d'une triangulaire face au député sortant, le macroniste Bruno Studer, et à la RN Stéphanie Dô.

Le RN plébiscité aux frontières en Lorraine
Avec six députés RN élus sur sept circonscriptions lorraines frontalières de la Belgique, du Luxembourg et de l'Allemagne, le parti lepéniste a convaincu les électeurs dans ces zones désindustrialisées où nombre d'employeurs peinent à recruter face à la concurrence de salaires plus élevés de l'autre côté de la frontière.

En Moselle, LFI et LR perdent un siège
Arrivée 3e au premier tour, la seule députée sortante de gauche dans le département, Charlotte Leduc (LFI) s'était désistée au profit de Nathalie Colin-Oesterlé (UDI), élue dimanche avec 61,78% des voix contre le RN Victor Chomard. Les trois députés sortants de la majorité présidentielle Belkhir Belhaddad (55,70%), Ludovic Mendes (57,65%) et Isabelle Rauch (58,13%) sont réélus. Déception en revanche pour le RN, arrivé en tête dans les neuf circonscriptions au premier tour : le parti n'a transformé l'essai que deux fois, avec la réélection du porte-parole du parti Laurent Jacobelli et l'élection de Pascal Jenft dans la 5e circonscription (52,64%) contre le LR sortant Vincent Seitlinger. Le RN grignote donc un siège, avec quatre élus contre trois auparavant.

En Meurthe-et-Moselle, la majorité présidentielle disparaît
La majorité présidentielle perd ses deux sièges dans des circonscriptions de Nancy et son agglomération remportées par des figures politiques locales socialistes, l'adjointe au maire de la ville préfecture Estelle Mercier (63,95%) et le premier magistrat d'une ville voisine, Vandoeuvre-lès-Nancy, Stéphane Hablot (45,17% dans une triangulaire). Le RN gagne lui deux sièges dans le nord du département, les candidats Frédéric Weber (53,64%) et Anthony Boulogne (54,64%) l'ayant emporté sur les sortantes LFI Martine Etienne et Caroline Fiat.

Carton plein du RN dans la Meuse
Pour la toute première fois, les deux députés de la Meuse seront des représentants du RN. Après une victoire dès le premier tour de la sortante Florence Goulet, c'est le candidat RN parachuté dans la deuxième circonscription Maxime Amblard qui a remporté l'autre siège du département avec 50,50% des voix. Ingénieur nucléaire de profession, il a été élu dans la circonscription de Bure, petit village où un projet controversé de centre de stockage des déchets radioactifs doit voir le jour dans les années à venir. Une victoire étriquée toutefois, avec moins de 500 voix d'avance pour M. Amblard.

Vosges : le RN gagne deux sièges sur quatre
Le RN a remporté deux sièges dans les Vosges, qui ne comptait aucun député lepéniste auparavant, faisant ainsi entrer au Palais Bourbon Gaëtan Dussausaye (52,77%) et Sébastien Humbert (53,18%), au détriment des sortants David Valence (Ensemble) et Jean-Jacques Gaultier (LR). Les deux députés Sébastien Viry (LR, 58,73%) et Christophe Naegelen (DVD, 64,67%) conservent leurs sièges avec une confortable avance face à leurs concurrents d'extrême droite.

Bourgogne-Franche-Comté

Le Rassemblement national a presque triplé le nombre de ses députés en Bourgogne-Franche-Comté, avec 13 élus (dont deux dès le premier tour), contre cinq en 2022, réalisant au passage le grand chelem dans l'Yonne, terre rurale fertile à l'extrême droite.

Grand chelem dans l'Yonne
Le premier tour avait déjà vu la victoire de Julien Odoul, porte-parole national du RN, dans la troisième circonscription de l'Yonne. Le deuxième député sortant RN de l'Yonne, Daniel Grenon, a été reconduit assez facilement, avec 51,4%, face à l'écologiste investie par le NFP Florence Loury. Ce dimanche, le troisième et dernier siège a été emporté par la LR-RN Sophie-Laurence Roy, qui a battu d'extrême justesse (50,42%) le sortant macroniste André Villiers. Le RN a par ailleurs confirmé sa main-mise sur la Haute-Saône où les deux sièges restent au parti de Jordan Bardella. Le RN fait de plus une percée inédite dans plusieurs départements : la Nièvre, la Côte-d'Or, la Saône-et-Loire et le Territoire de Belfort. "C'est une grande victoire historique", a estimé Julien Guibert, élu RN dans la Nièvre, ancien fief de François Mitterrand. "Nous mettons dehors les socialistes", s'est-il réjoui. Dans le Territoire de Belfort, le chroniqueur politique de CNews Guillaume Bigot, parachuté dans cet ancien fief chevènementiste, a battu le député sortant LFI avec 50,59%. "C'est un résultat d'une très courte tête qui montre à quel point notre pays a besoin d'une alternance", a-t-il estimé sur France 3 Franche-Comté.

Pas de raz-de-marée
La vague RN n'est cependant pas le raz-de-marée annoncé par ses scores au premier tour: dimanche dernier, il s'était hissé en tête dans 22 des 27 circonscriptions de la région, du jamais vu avec des taux dépassant parfois les 40%. Son élan semble avoir été limité par le jeu des désistements "républicains" : sur les 20 triangulaires ou quadrangulaires possibles (sur 27 circonscriptions), seules trois triangulaires se sont finalement jouées au second tour. Le parti à la flamme a d'ailleurs pointé "le hold-up à grande échelle" commis par ses adversaires, selon Sophie Dumont, candidate RN défaite par le sortant LR Hubert Brigand (54%). "C'étaient les résultats de la semaine dernière qui comptent. Aujourd'hui, les résultats sont ceux de combines extrêmement scandaleuses", a-t-elle estimé.

La gauche retrouve des couleurs
La gauche fait élire quatre députés : deux PS (en Côte-d'Or) et deux écologistes, dont l'ancienne ministre de l’Écologie Dominique Voynet (EELV), élue dans la 2e circonscription du Doubs avec 59,95% des voix, devant le candidat RN. Elle remporte ainsi une circonscription auparavant détenue par Renaissance et devient la seule députée de gauche de Franche-Comté. "Ma joie est mêlée de gravité car un chantier énorme nous attend pour reconquérir le cœur de celles et ceux qui ont voté pour l'extrême droite", a-t-elle déclaré à l'AFP. En Saône-et-Loire en revanche, le LR-RN Éric Michoux, issu du centre droit, a sorti la députée PS Cécile Untermaier, 72 ans, élue depuis 2012.

La majorité présidentielle s'effondre
L'alliance présidentielle Ensemble chute sans pitié : de 12 députés en 2022, elle n'en a dorénavant plus que quatre. Le camp macroniste ne compte en particulier plus aucun député en Côte-d'Or. Cette terre anciennement socialiste avait pourtant été une des premières à rejoindre le président de la République.

LR sauve les meubles
Les Républicains conservent leurs six sièges et la présidente du parti, Annie Genevard, a été réélue haut la main, avec 68,87%, dans son fief du Haut-Doubs, devant le RN.

Normandie

La Normandie a réélu la plupart de ses députés sortants, dont l'ex-Première ministre Élisabeth Borne, lors du second tour des législatives, ne laissant au Rassemblement national que six circonscriptions sur 28 au total.

Borne réélue dans le Calvados qui fait barrage au RN
L'ancienne Première ministre Élisabeth Borne a annoncé dimanche soir avoir conservé son siège de députée de la 6e circonscription (Vire), où elle a obtenu 56% des voix face au candidat RN Nicolas Calbrix grâce au désistement de la gauche. À Caen, Joël Bruneau (DVD, "en congé" des LR) quitte sa mairie pour l'Assemblée après avoir battu dans la première circonscription la député européenne Emma Fourreau (NFP) avec 59% des voix, un duel suivant le retrait de la candidate RN épinglée pour une photo avec une casquette à croix gammée. Partout ailleurs, les sortants Arthur Delaporte (NFP), Bertrand Bouyx, Jérémie Patrier-Leitus et Christophe Blanchet (Ensemble) retournent siéger au Palais Bourbon.

Pas de grand chelem pour le RN dans l'Eure
Le député socialiste Philippe Brun a conservé son siège dans la 4e circonscription de l'Eure (52,83%) sous les couleurs du Nouveau Front populaire face à son adversaire RN Patrice Pauper, privant le parti d'extrême droite du grand chelem dans le département. Dans les quatre autres circonscriptions de l'Eure, les députés du Rassemblement national ont été réélus.

Rouen garde la barre à gauche
À Rouen, Florence Hérouin-Léautey, candidate de l'Union de la gauche dans la 1re circonscription de Seine-Maritime, a confirmé sa pole position du premier tour en sortant victorieuse d'une triangulaire qui l'opposait au député sortant Damien Adam (majorité présidentielle) et au RN Grégoire Houdan. Militante socialiste de longue date, Mme Hérouin-Léautey a pour suppléant le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, dont elle est elle-même adjointe au sein du conseil municipal.

Seine-Maritime : gauche et centristes endiguent la vague RN
Ailleurs en Seine-Maritime, les candidats du NFP et du centre-droit ont réussi au second tour à endiguer la vague du Rassemblement national. Alors que le RN arrivait en tête, parfois largement, dans six circonscriptions sur les dix du département, seuls deux candidats d'extrême droite ont finalement été élus. Il s'agit de Patrice Martin dans la 6e circonscription (Dieppe), qui bat le député communiste sortant Sébastien Jumel, en place depuis 2017, et de Robert Le Bourgeois, vainqueur du député Horizons Xavier Batut dans la 10e circonscription. Tous les autres députés sortants ont conservé leur siège, à l'instar d'Agnès Firmin-Le Bodo (Horizons), pharmacienne et ancienne ministre déléguée à l'organisation territoriale et des professions de santé, réélue dans la 7e.

Tous les sortants réélus dans l'Orne et la Manche, aucun député RN
Dans l'Orne et la Manche, tous les députés sortants se sont imposés contre des candidats du RN, comme l'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Travert (58%) dans la circonscription de Coutances (Manche). Les Ornais Jérôme Nury (DVD), Véronique Louwagie (DVD) et Chantal Jourdan (NFP) conservent leurs sièges à l'Assemblée. Les électeurs de la Manche ont également renouvelé leur confiance avec au moins 60% des votes à tous les sortants, Philippe Gosselin (DVD, anciennement LR) et Bertrand Sorre pour le camp présidentiel ainsi qu'à Anna Pic (NFP), tous face à un adversaire RN.

Centre-Val de Loire

Olivier Marleix et plusieurs anciens ministres réélus, recul du RN dans le Loiret : ce qu'il faut savoir sur la région Centre-Val de Loire.

Eure-et-Loir : Marleix et deux ex-ministres réélus
Le député sortant et président du groupe Les Républicains avant la dissolution, Olivier Marleix, en situation très délicate au premier tour, a réussi à renverser la vapeur. Il a été largement réélu avec 57,26 % des voix, bénéficiant d'un bon report des voix de la gauche qui s'était désistée dans cette deuxième circonscription. Le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, député sortant dans la première circonscription de Chartres, a bénéficié du désistement républicain du candidat NFP pour s'imposer avec près de 60% des suffrages. La candidate RN Emma Minot le devançait de moins de 500 voix au premier tour. Autre ancien ministre en lice, le député sortant Philippe Vigier, ex-ministre délégué aux Outre-Mer, est réélu face à un candidat Les Républicains d'Éric Ciotti, Roger Pécout. Dans la 3e, le maire de Nogent-le-Rotrou, Harold Huwart (Parti radical), a bénéficié d'un "front républicain" allant de la gauche au centre (mais dénoncé par le PCF et La France insoumise).

Fesneau largement, Chudeau de justesse
Dans le Loir-et-Cher, Marc Fesneau, député depuis 2017 de la 1re circonscription et ministre de l'Agriculture, s'est largement imposé sous les couleurs de la majorité présidentielle. L'élu Modem, au coude-à-coude avec la candidate RN Marine Bardet au premier tour, a notamment bénéficié de l'élimination du NFP Reda Belkadi, désavoué par LFI pour des tweets antisémites. Dans la 2e circonscription, le député sortant RN Roger Chudeau, recadré par Marine Le Pen après sa sortie controversée sur l'ancienne ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem, est reconduit avec un peu plus de 52% des voix.

Un proche de Bardella battu dans le Cher
Le candidat RN Pierre Gentillet, ex-chroniqueur de la chaîne CNews et proche de Jordan Bardella, s'est finalement incliné de peu dans la 3e circonscription. Le député sortant Horizons Loïc Kervran conserve son mandat en s'imposant de justesse (52,75%). Alors que le RN avait viré en tête dans les trois circonscriptions de ce département rural, aucun des candidats lepénistes n'a finalement été élu.

Loiret : Ménagé (RN) réélu, le parti de Bardella perd un siège
Dans le Loiret où le RN était présent dans toutes les circonscriptions au deuxième tour, ces élections législatives ont rebattu les cartes. Élu en 2022 avec plus de 63% des voix, le député RN Thomas Ménagé est réélu avec un score similaire (62,59%) dans la 4e circonscription (Montargis) deux ans plus tard. L'autre députée RN du département, Mathilde Paris (3e), a finalement été battue sur le fil par la candidate Divers droite Constance de Pélichy. La majorité présidentielle sauve trois sièges, dont celui d'Anthony Brosse qui était menacé sur la 5e par le RN Jean-Lin Lacapelle, un des lieutenants de Marine Le Pen et porte-parole du parti.

L'ancien socialiste frondeur Laurent Baumel de retour
L'ancien député socialiste "frondeur" Laurent Baumel va retrouver les bancs de l'Assemblée nationale. Député de Chinon (4e) de 2012 à 2017, il avait été battu par la candidate macroniste Fabienne Colboc. Cette dernière, arrivée troisième juste derrière M. Baumel dimanche dernier, s'est désistée en sa faveur pour faire barrage au candidat RN Jean-François Bellanger. M. Baumel l'emporte avec un peu plus de 57% des voix.

Pays de la Loire

Aucun siège pour le RN, Marie-Caroline Le Pen, soeur de Marine, éliminée dans la Sarthe, deux sièges supplémentaires pour la gauche en Loire-Atlantique : ce qu'il faut savoir dans les Pays de la Loire.

Aucun siège pour le RN
Le RN avait beau s'être qualifié pour le second tour dans la quasi-totalité des circonscriptions des Pays de la Loire, il n'a finalement obtenu aucun siège. Alors que neuf candidats se trouvaient en ballotage favorable (quatre dans la Sarthe, trois en Vendée, deux dans le Maine-et-Loire), ils ont tous été devancés au second tour. En 2022 non plus, le RN n'avait eu aucun élu.

Échec de Marie-Caroline Le Pen dans la Sarthe
Arrivée largement en tête au premier tour dans la 4e circonscription de la Sarthe, Marie-Caroline Le Pen, soeur de Marine, a été éliminée à 225 voix près par la député sortante Insoumise Élise Leboucher, qui obtient 50,23 % des voix. Les opposants de Marie-Caroline Le Pen avaient dénoncé un parachutage dans cette circonscription qui fut longtemps le fief de l'ex-Premier ministre François Fillon.

La gauche majoritaire en Loire-Atlantique
La gauche prend le dessus en Loire-Atlantique, avec sept candidats élus sur dix circonscriptions, deux de plus qu'en 2022. Dans la cinquième circonscription, à cheval entre Nantes et Carquefou, le socialiste Fabrice Roussel ravit son siège à la ministre chargée de l'Enfance, Sarah El Haïry. Dans la première circonscription, entre Nantes et la commune limitrophe d'Orvault, c'est le PS Karim Benbrahim qui s'impose face au sortant du camp présidentiel, Mounir Belhamiti. Les trois autres élus sont issus de la droite (Jean-Michel Brard, maire divers droite de Pornic, élu député pour la première fois) et du camp présidentiel (Sophie Errante réélue dans la 10e et Sandrine Josso dans la 7e). En 2022, la gauche avait remporté cinq sièges, à égalité avec le camp présidentiel.

Les sortants réélus dans quatre départements
En Vendée, les quatre députés du camp présidentiel conservent leurs sièges. Sur la 4e circonscription, la sortante divers droite Véronique Besse sort largement victorieuse de la quadrangulaire (43,36%) qui l'opposait au RN, à la gauche et au camp présidentiel. Dans le Maine-et-Loire aussi, le camp présidentiel résiste avec six sortants victorieux sur sept circonscriptions. Anne-Laure Blin, députée sortante LR, est également réélue. En Mayenne, les deux sortants du camp présidentiel et le socialiste investi par le NFP conservent leurs sièges. Même constat dans la Sarthe, où les trois sortants du camp présidentiel et les deux issus de la gauche sont réélus.

Échec de Gilles Bourdouleix dans le Maine-et-Loire
Dans la 5e circonscription du Maine-et-Loire, le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, allié au RN, n'a pas réussi son pari. Il avait dans un premier temps annoncé son désistement, avant de se maintenir à la dernière minute, provoquant ainsi une triangulaire. Mais la candidate du Nouveau Front populaire, France Moreau, s'était retirée. Face à Gilles Bourdouleix, le député sortant du camp présidentiel Denis Masseglia est réélu avec une large avance (65,63 % des voix).

Corse

Le Rassemblement national a échoué partout au second tour en Corse, trois députés sortants s'imposant face à lui tandis que dans la quatrième circonscription l'autonomiste sortant a été renversé par un candidat divers droite : ce qu'il faut savoir dans la région Corse.

Trois des quatre députés sortants reconduits
Michel Castellani, député sortant de la première circonscription de Haute-Corse, est reconduit en obtenant 64,33% des voix face au candidat d'extrême droite Jean-Michel Marchal. En Corse-du-Sud, le député sortant Horizons et homme fort de la droite en Corse, Laurent Marcangeli s'impose également avec 63,20% des voix face à la candidate RN Ariane Quarena. Le député sortant autonomiste d'opposition de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, Paul-André Colombani, qui avait été distancé de plus de huit points au premier tour par le délégué territorial du RN François Filoni, s'est imposé avec 59,21% des voix grâce à un front républicain rassemblant élus de droite, de gauche et nationalistes. "Ce qu'on a vécu ici, on ne l'avait jamais fait en Corse. Ce front commun, moi je ne l'oublierai pas", a-t-il déclaré dimanche soir, prévoyant de siéger dans le groupe parlementaire "Libertés et territoires" (Liot) auquel il appartenait.

L'autonomiste Acquaviva chute face au divers droite Ceccoli
François-Xavier Ceccoli, qui est le président de la fédération Les Républicains (LR) de Haute-Corse mais s'est présenté sans étiquette, comme aux législatives de 2022, a battu le député autonomiste sortant et très proche de Gilles Simeoni, Jean-Félix Acquaviva, obtenant 54,48% des voix. La candidate RN, Sylvie Jouart-Fernandez, arrivée en troisième position au premier tour, s'était désistée en appelant à voter pour M. Ceccoli. Interrogé par les médias sur son élection favorisée par le RN, M. Ceccoli a répondu : "Pour moi, toutes les voix ont la même valeur, j'ai un immense respect pour tous les électeurs, de l'arc gauche à l'arc droit en passant par les modérés", a dit ce producteur de clémentines, promettant en homme "les pieds dans la terre", de s'"atteler au pouvoir d'achat, à l'eau, à la santé".

Les nationalistes fragilisés
L'homme fort des nationalistes dans l'île méditerranéenne, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, perd ce soir l'un des deux députés de sa majorité sur quatre que compte l'île, Jean-Félix Acquaviva, qui est son cousin et l'un de ses plus proches. "Ce soir il y a une défaite, il faut l'accepter", a déclaré sur France 3 Corse M. Simeoni, estimant que "la démocratie, c'est l'alternance". Il a jugé "extrêmement gênant" le "soutien accepté du RN", selon lui, par François-Xavier Ceccoli, estimant que respecter tous les électeurs y compris ceux du RN "ça ne veut pas dire accepter le soutien d'un parti qui est aux antipodes du gaullisme social". Michel Castellani, le député autonomiste réélu, a dit à l'AFP que cette défaite "change un peu la donne de la représentation de la Corse" mais "n'est pas non plus un effondrement de la majorité territoriale". Il compte aussi resiéger au sein du groupe parlementaire (Liot), qui avec "16" députés réélus, selon lui, pourrait se reformer.

La droite renforcée en Corse
Avec l'élection de François-Xavier Ceccoli, qui a indiqué à l'AFP vouloir siéger dans "sa famille politique Les Républicains (LR)" et la reconduction de Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à la dernière Assemblée nationale, la droite insulaire sort renforcée de ces législatives même si les deux ont des divergences politiques notables, au premier rang desquelles le projet d'autonomie pour l'île que M. Marcangeli soutient contrairement à M. Ceccoli. Laurent Marcangeli a indiqué, peu après sa victoire, vouloir "travailler avec ses trois collègues" députés corses et se rendre dès lundi à Paris pour "reconstituer le groupe" dont il a été président, celui des 31 députés Horizons, assurant que "cela se présentait plutôt bien", prévoyant "25 à 28" députés Horizons réélus.

Outre-mer

Deux RN élus à La Réunion et Mayotte, un indépendantiste de Nouvelle-Calédonie envoyé à l'Assemblée nationale, et la gauche qui rafle la mise aux Antilles : ce qu'il faut savoir du second tour des élections législatives dans les 25 circonscriptions d'outre-mer.

À La Réunion et Mayotte, deux députés RN
Le RN a confirmé sa progression historique dans l'île de La Réunion. Après avoir qualifié ses candidats, pour la plupart peu connus, au second tour dans les sept circonscriptions, il a obtenu une victoire dans la 3e. Joseph Rivière, avec 51,43% des voix, y a battu le candidat du Nouveau Front populaire Alexis Chaussalet. Dans les six autres circonscriptions de ce département de l'océan Indien, les six députés sortants ont été réélus sous la bannière du NFP. Comme à La Réunion, le RN obtient un député à Mayotte, département le plus pauvre de France : dans la deuxième circonscription, Anchya Bamana a battu le sortant LR Mansour Kamardine avec 53,77% des suffrages. La sortante Liot Estelle Youssouffa avait été réélue sans coup férir dès le premier tour en recueillant 79,48% des voix dans la 1re circonscription.

La Nouvelle-Calédonie envoie un indépendantiste à l'Assemblée
Emmanuel Tjibaou est devenu dimanche le premier indépendantiste élu député depuis 1986. Novice en politique, l'homme de 48 ans a conforté son avance du premier tour dans la seconde circonscription et l'emporte finalement avec 57,44% des scrutins et 13.404 voix d'avance sur Alcide Ponga, non-indépendantiste LR. Le nouveau député devrait siéger parmi les députés soutenus par le Nouveau Front populaire. Emmanuel est le fils de l'emblématique leader kanak Jean-Marie Tjibaou, assassiné en 1989. Son frère Joël a été mis en examen et placé en détention provisoire en juin pour son rôle soupçonné dans les émeutes que connaît "le Caillou" depuis mi-mai. Dans la 1re circonscription, qui inclut Nouméa, le député loyaliste Nicolas Metzdorf (DVD), rapporteur du projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral dont l'examen à l'Assemblée a déclenché les violences, s'est imposé (52,41%) contre l'indépendantiste Omayra Naisseline, un score plus serré qu'attendu. Dans Nouméa, de loin la ville la plus peuplée du territoire, M. Metzdorf a obtenu 72,62% des voix. Âgé de 36 ans, il était député sortant de la seconde circonscription mais avait choisi de se présenter dans la première, réputée imperdable, pour cette élection.

Déconvenue pour le RN en Guadeloupe
Les députés sortants ont été reconduits dans les quatre circonscriptions guadeloupéennes, face notamment aux deux candidats du Rassemblement national, qui avaient réalisé une percée en se qualifiant pour le second tour. Respectivement battus par les deux sortants DVG Christian Baptiste (72,38%) et Max Mathiasin (69,15%), Laurent Petit (RN) enregistre 27,62% des voix et Rody Tolassy, tête d'affiche locale du RN, 30,85%. Il s'agit d'un recul pour ce dernier, élu au Parlement européen le 9 juin et qui, aux législatives de 2022, avait frôlé l'élection en réunissant près de 48% des suffrages au second tour. Le député Liot sortant Olivier Serva, candidat divers gauche, l'a emporté avec 77,59% des voix et Elie Califer (PS) avec 71,09%. Le taux de participation est de 34,67%, en forte hausse par rapport à 2022 (28%).

Martinique : le NFP remporte la mise, avec une surprise
La candidate socialiste Béatrice Bellay a créé la surprise dans la 3e circonscription en l'emportant (54,53%) contre le sortant Johnny Hajjar, arrivé en tête au premier tour pour le NFP, dont se revendique également la première secrétaire du PS de Martinique. Ce n'est que la deuxième fois depuis 1988 et l'élection d'Aimé Césaire que cette circonscription échappe au Parti progressiste martiniquais (PPM). Le député sortant Jean-Philippe Nilor (Nouveau Front populaire) a écrasé (86,58%) le duel qui l'opposait à un adversaire RN. Déjà largement en tête au premier tour, il lui manquait toutefois d'avoir franchi la barre des 25% des inscrits pour se qualifier d'emblée. Dans les première et seconde circonscriptions, les sortants Jiovanny William (81,97%) et Marcellin Nadeau (65,68%), sont arrivés confortablement en tête sous la bannière du NFP.

Guyane : carton plein à gauche
Les deux députés sortants de Guyane, soutenus par le Nouveau Front populaire, ont été réélus. Le régionaliste Jean-Victor Castor l'a emporté dans la 1re circonscription avec le score confortable de 76,11% des suffrages exprimés face à un candidat sans étiquette, Boris Chong-Sit. Dans la seconde circonscription, le président sortant de la délégation aux outre-mer à l'Assemblée nationale Davy Rimane a été réélu alors qu'il était seul en lice après le désistement de la candidate sans étiquette arrivée en deuxième position, Sophie Charles. La participation définitive est de 24,98%.

Polynésie : les autonomistes progressent
Dans le vaste territoire du Pacifique, les législatives ont opposé les autonomistes aux indépendantistes, candidats sortants dans les trois circonscriptions. Dans la 3e, l'indépendantiste Merena Reid Arbelot a sauvé son siège d'une courte tête (50,87%) face à l'épouse de l'ancien président Gaston Flosse, Pascale Haiti-Flosse. Le candidat autonomiste Nicole Sanquer remporte la 2e circonscription (55,88%) au détriment du sortant Steve Chailloux. Dans la 1re, l'autonomiste de centre-droit Moerani Frébault a été élu dès le premier tour avec 54% des voix, devant le député sortant indépendantiste Tematai Le Gayic (35%).

Saint-Martin/Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon
Dans les deux "îles du nord" de l'arc antillais, Frantz Gumbs (divers centre) conserve son siège de député, avec 56% des suffrages contre 44% pour Alexandra Questel (divers droite), d'après une source préfectorale. Dans l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand (DVD) a été élu avec 61,47% des voix face au socialiste Frédéric Beaumont, selon la préfecture.

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