Manger bio au lyce : quand les rgions s'engagent

June 2024 · 5 minute read


Alors que l'Assemblée a adopté en nouvelle lecture dans la nuit du 14 au 15 septembre le projet de loi Agriculture et Alimentation (le texte repart maintenant au Sénat), certains points – tels que les indicateurs de prix – alimentent encore vivement les débats et d'autres semblent emporter désormais un relatif consensus. C'est le cas de l'article 11 fixant à la restauration collective un objectif à horizon 2022 de 50% de produits biologiques, locaux ou sous signes officiels de qualité, dont 20% issus de l’agriculture biologique. Responsables de la restauration collective des lycées, les régions se sont-elles mises en ordre de marche ?

Ile-de-France : 100% de circuit court et 50% de bio en 2024

La présidente de la région Ile-de-France a récemment affiché un objectif de "100% des cantines approvisionnées en circuit court, en priorité par des produits locaux, avec 50% de produits bio d’ici 2024". Pour l'année scolaire 2018-2019, la région annonce consacrer un budget de 1,5 million d'euros à "l’introduction de produits bio (pain, fruits, légumes, viandes, laitages, céréales...) dans 100 établissements".
Si l'ambition est importante, sa mise en oeuvre sera progressive. D'autres régions se sont engagées à généraliser très vite de nouveaux modes d'approvisionnement. Ainsi, la région Pays de la Loire s'est donnée pour objectif en février 2016 de "tendre vers 100% français, 50% régional, 20% bio ou sous signes de qualité au 31 décembre 2017", dans le cadre d'un "plan d'actions prioritaires en réaction à la crise agricole".
En Centre-Val de Loire, l'ensemble des lycéens se voient proposer depuis un an 40% de produits locaux, dont 20% de bio ; c'est du moins l'objectif que s'était fixé la région à la rentrée 2017, après un an d'expérimentation dans dix lycées pilotes.
La région Bourgogne-Franche-Comté a quant à elle fixé l'objectif de servir 50% de produits locaux et régionaux dont 20% de bio d'ici 2021.

Des assiettes régionales avant tout

Comme dans le projet de loi Egalim, les objectifs affichés traduisent d'abord le souci de soutenir l'agriculture régionale et les circuits courts ; la part du bio est variable, parfois inférieure aux futurs objectifs nationaux. A l'instar des Hauts-de-France, région s'étant engagée depuis 2016 à atteindre en 2021 "au minimum 70% de produits locaux, dont 10% de produits bios" dans les restaurants scolaires des lycées. A noter, par ailleurs, que le plan bio des Hauts-de-France engage la région, l'Etat, les cinq départements et les deux agences de l'eau.
En 2017, la région Auvergne-Rhône-Alpes déplorait que "seulement 15% des repas servis dans les cantines des lycées [étaient] issus des producteurs locaux" et s'engageait à multiplier par quatre ses approvisionnements en produits locaux. Cette priorité prend la suite de la démarche "Mon lycée mange bio" qui, selon le réseau Corabio qui en était partenaire, a permis d'atteindre un volume de 800.000 euros d'achats de produits biologiques en 2014-2015.
En Normandie, c'est également le local qui est privilégié, avec un objectif de 80% de produits normands dans les lycées d'ici 2021.

Le dialogue entre les parties prenantes pour avancer

D'autres régions, telles que le Grand Est, la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d'Azur, se sont engagées à augmenter la part de produits locaux et bio dans les cantines des lycées, sans objectifs chiffrés. Certaines collectivités misent sur la concertation pour faire avancer le sujet, comme la Bretagne qui organisait dès 2012 des "ateliers sur l'alimentation bio et locale" et qui jugeait déjà que "plus d'un tiers des lycées publics bretons" étaient mobilisés.
Déclarant l'alimentation "grande cause régionale" en 2018, l'Occitanie a enfin organisé ses propres états généraux de l'alimentation et a annoncé une votation citoyenne à l'automne pour alimenter son plan d'action.

Les députés adoptent le projet de loi Agriculture et Alimentation en nouvelle lecture

L'Assemblée nationale a adopté en nouvelle lecture, dans la nuit du 14 au 15 septembre, le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dit Egalim. Dans un hémicycle clairsemé, 33 députés – 31 LaREM et 2 Modem – ont voté pour, aux côtés de 11 votes contre et 1 abstention – dont LR, UDI, socialistes, LFI.
A noter, parmi les nouveautés qui intéresseront les collectivités, l'adoption de deux amendements contre l'avis du gouvernement. Le premier vise à expérimenter l'introduction d'un menu végétarien "au moins une fois par semaine" dans les cantines scolaires. "Cette expérimentation permettra d’évaluer en quoi le gain financier potentiel sur les repas favorisera la possibilité de financer une amélioration globale de la qualité de l’approvisionnement telle que prévue dans ce projet de loi sans que cela pèse sur les budgets des familles", peut-on lire dans l'exposé des motifs de l'amendement. Le second amendement prévoit d'interdire dans les cantines, de la crèche à l'université, les couverts et contenants jetables en plastique, d'ici 2025, ou 2028 dans les collectivités de moins de 2.000 habitants.
Un comité régional pour l'alimentation présidé par l'Etat serait en outre créé pour animer "la concertation sur l’approvisionnement de la restauration collective" et faciliter ainsi l'atteinte des objectifs de 50% de produits sous signes de qualité dont 20% de bio au 1er janvier 2022.
Prochaine étape pour le texte : son examen en séance plénière au Sénat, à partir du 25 septembre.
C. M

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