« La plateforme mobilité est un projet de territoire sur le Pays de Morlaix qui compte 3 communautés de communes et 128.000 habitants. Elle aide les entreprises à recruter de la main-d'œuvre en accompagnant l'autonomie de déplacement des publics éloignés de l'emploi», explique Christophe Letuppe, directeur de l'Association recherche travail (ART). Sur ce territoire rural, les déplacements entre les trois communautés de communes sont fréquents, pour près de 40 % liés aux activités agricoles et essentiellement réalisés en voiture individuelle. Un réseau de transport en commun existe mais reste modeste par rapport aux réalités de déplacement.
Un projet de territoire en mode solidaire et coopératif
Pour compenser les difficultés de mobilité, le département du Finistère et les EPCI du Pays de Morlaix impulsent le projet d'une plateforme mobilité. Ils pressentent l'ART, une association d'insertion par l'activité économique créée en 1987, pour développer ce concept. L'ART emploie 156 salariés en parcours d'insertion et 21 permanents. Son action s’étend à de nombreux domaines : espaces verts, service à la personne, renfort de personnel pour les collectivités ainsi qu'un dispositif de transport à la demande dont l'équilibre financier était en péril. L'ART accepte de porter le projet de plateforme mobilité, à condition que les partenaires de l'emploi et de l'insertion du territoire s'investissent également. « Sur le territoire, la culture du faire ensemble est très présente. Ce projet d'envergure, complexe et transversal nécessite le soutien de tous », précise le directeur de l'ART.
La plateforme recense et met en lien les initiatives mobilité
Depuis 2016, la plateforme mobilité est un dispositif intégré à l'ART, qui a nécessité le recrutement d'un conseiller mobilité. Le conseiller recense et coordonne toutes les actions mobilité existantes : conduite supervisée, aide à l'apprentissage du Code de la route avec une association, covoiturage de proximité Ouest Go en lien avec Ehop, location solidaire d'une voiture ou scooter, transport à la demande, ateliers d'aide à l'utilisation des transports en commun, microcrédit social mobilité... La plateforme met en lien tous les opérateurs de la mobilité et de l'insertion du territoire. « Par exemple, les auto-écoles du territoire nous appellent pour intervenir auprès de personnes en difficultés, explique le directeur. Nous pouvons mettre en place une conduite supervisée avec un accompagnateur bénévole. »
Une offre équitable sur les 3 territoires
« Nous devons proposer la même offre à Morlaix que dans un petit village d'une des trois communautés de communes », explique le directeur. Pour offrir cette égalité de traitement, la plateforme mobilité se base sur l'expertise des opérateurs déjà en place pour décliner des solutions sur les territoires non couverts. « Nous cherchons des réponses et nous les adaptons aux territoires, précise le directeur. L'idée n'était pas de tout réinventer, ni de concurrencer l'existant. On regarde qui est capable de reprendre quoi. Ce qui n'existe pas, on se demande qui va le construire. »
Un accompagnement vers l'autonomie de déplacement
Chaque année, la plateforme du Pays de Morlaix accompagne près de 500 bénéficiaires. 70 % des accompagnements permettent un accès à l’emploi, 20 % à des stages et formations, et 10 % à des démarches d’insertion professionnelle. 220 employeurs bénéficient de ces services. Quand un demandeur d'emploi souhaite réaliser un trajet pour se rendre à un travail, le conseiller mobilité recherche une solution dans l'offre existante avant de proposer le transport à la demande. « Si des lignes régulières de transport scolaire existent, elles sont sollicitées. Les opérateurs les ouvrent à nos publics. Notre credo : nous transportons quand il n'y a aucune solution disponible et nous privilégions la multimodalité », précise le directeur.
Un atelier chantier d'insertion pour le transport à la demande
Le service de transport à la demande a été conçu comme un atelier chantier d'insertion. 13 chauffeurs, salariés en parcours d'insertion et deux encadrants techniques réalisent le service. « Les personnes recrutées sont issues du dispositif Revenu de Solidarité Active ou des minima sociaux, avec pour objectifs de construire un parcours d'insertion durable. Les chauffeurs passent du statut de personnes aidées à celui de personnes aidantes. » Les trajets en transport à la demande sont réservés pour les bénéficiaires par les 140 prescripteurs du territoire (Pôle Emploi, acteurs de l'action sociale, commune, Centre communal d’action sociale, élus adjoints aux affaires sociales…) qui ont accès à un logiciel de réservation. Le trajet coûte 2 €, peu importe la distance parcourue. L'objectif est d'être au même tarif qu'un ticket de bus départemental.
Un parc de véhicules en location solidaire
« Afin de répondre immédiatement à une prise d'emploi, de formation ou toutes démarches favorisant un projet d'insertion, nous proposons aussi des solutions de location solidaire de trois mois renouvelables », témoigne le directeur. La plateforme mobilité dispose d'un parc de 20 scooters et 20 voitures C1, rachetées à un prix modeste (500 €) au Département. « Ces voitures avec le logo de la plateforme mobilité apportent une image professionnelle. L'objectif n'est pas d'être en concurrence avec une offre de service marchand, comme les taxis, ou de transport public. »
Opérateur du microcrédit social mobilité
L'ART pilote aussi le dispositif microcrédit social en partenariat avec la Caisse des Dépôts et la Caisse régionale du Crédit Mutuel. Ce dispositif vise à financer des projets mobilité (permis, achat voiture ou deux-roues…), sous condition de recherche d'emploi. En 2020, sur les 156 demandes émises et étudiées, 36 dossiers ont bénéficié d'un microcrédit.
Du personnel formé à l'argumentaire du covoiturage
La plateforme mobilité promeut aussi le covoiturage de proximité avec Ouest Go, une plateforme impulsée par la région Bretagne, dont la communication est confiée à Ehop. Ehop forme le personnel de l'ART et les partenaires à la présentation du covoiturage pour amener une évolution des habitudes. « C'est intéressant de penser la voiture comme un transport en commun, précise le directeur. Une formation est en cours pour les chauffeurs, pour les aider à aborder le covoiturage lors de leurs déplacements. »
Une initiative qui se déploie
Trois autres associations agissent dans le Finistère avec les mêmes objectifs que la plateforme du Pays de Morlaix. Et Christophe Letuppe de compléter : « Il s’agit des plateformes Mobil’Emploi pour le pays de Cornouaille, Don Bosco Mobilité pour le pays de Brest et Wimoov pour Centre Ouest Bretagne. Nous sommes aussi en très grande proximité opérationnelle avec ces trois actions : veille informative, mutualisation, professionnalisation… Le CD29 offre son soutien financier, et favorise cette dynamique collective... »
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFop5qxo2KxpnnMqKmlmZmtera6xGanpZmkmrOwvsyeZKankp65qsDEZqeoraJiuaLB06ilqKWZmnqlsdJmm56onJawprnEp6usZWJu